Illustration : Garance (@garancebb)
- Comment ça va?
- Comment te sens-tu aujourd’hui?
- As-tu essayé de suivre les recommandations de la séance précédente?
- Est-ce que tu vois des progrès?
- Sur quoi as-tu envie de te concentrer aujourd’hui?
Ce sont les questions habituelles au début de mes séances avec la sexologue. C’est graduel comme entrée en matière mais à un moment je dois développer sur mon appréhension du sexe matinal ou sur ma sécheresse immédiate dès qu’un condom est déballé. Et oui, littéralement, à la seconde où un condom entre en contacte avec mon vagin, je m’assèche complètement, même si j’étais ben mouillée juste avant.
Voyez-vous, j’ai commencé à consulter une sexologue pour m’aider avec les difficultés que je vivais en lien avec la sexualité. Premièrement, mon vaginisme semblait se pointer le bout du nez. J’avais l’impression de perdre à nouveau le contrôle de mes muscles vaginaux, ce qui provoquait la contraction de ceux-ci lors de la pénétration. Comme j’avais déjà fait de la physiothérapie périnéale, qui se résume en traitement physique du vaginisme, je voulais essayer autre chose. Cette nouvelle approche découle donc de la psychologie. Deuxièmement, je jonglais avec le concept de demisexualité et je voulais consulter pour explorer si la raison pour laquelle mon désir sexuel est presque inexistant ne serait pas dûe à un trouble ou traumatisme particulier. Et ce n’est pas que j’ai identifié un potentiel traumatisme, mais justement, peut-être qu’il était très bien enfoui. Troisièmement, pour trouver un sens à toutes les péripéties que je vis au lit : pourquoi je ne peux pas rester mouillée avec un condom? Pourquoi je ne ressens rien pendant la pénétration (quand mon vaginisme ne vient pas faire coucou)? Pourquoi je n’ai jamais envie de me masturber alors que ça semble si facile pour d’autres? Pourquoi est-ce que le désir pour moi est comme un moine dans son monastère : inaccessible?
Donc je suis assise dans le bureau de la sexologue. Il est 8h30 du matin un mardi. Ce matin-là, comme presque tous les matins de rendez-vous, ça me tentait pas pantoute de me rendre à la clinique pour parler de sexe. 8h30, c’est un peu tôt pour aborder ma libido inexistante et mes blocages sexuels. Je me rends toujours un peu dépitée sur mon sort et les malédictions sexuelles qui s’acharnent sur moi (ok ok j’ai pas encore fuuuuull accepté ma demisexualité). Câline, comment est-ce que des rencontres d’une heure à chaque trois semaines vont réellement révolutionner ma vie sexuelle?
Alors voilà où j’en suis. Ça fait huit mois que je consulte une sexologue et je suis découragée. J’en ai marre de souligner mes problèmes sans avoir de solutions magiques pour les régler. Je sais que c’est un processus que de consulter un.e professionnel.le et qu’il faut persévérer pour récolter le fruit de ses efforts, mais c’est tout aussi vexant que de devoir décortiquer, UNE À UNE, chaque difficulté que je vis.
Pourtant, quand je ressors finalement du bureau après une heure de vulnérabilité, je me sens satisfaite. Parce que j’ai l’impression que le mur que j’ai à grimper est un peu moins haut. Parce que mes difficultés sont réelles et qu’elles font partie de qui je suis. Parce que je peux me concentrer sur une étape à la fois. Je ne vois pas encore la fin de mes problèmes liés à la sexualité, mais je fais face à ceux-ci mieux équipée et avec un appui professionnel.
Je suis pas toujours motivée à me rendre à mes rendez-vous, mais je continue d’assembler des morceaux de mon casse-tête sexuel en me présentant et ça, c’est encourageant.
À bientôt,
Princesse Chihiro
Princesse Chihiro, jeune femme d’affaires accomplie, enthousiaste des sports et fanatique du continent asiatique, elle voudrait donner une voix à celles.ceux qui ne peuvent pas se le permettre et est horrifiée lorsque les survivant.e.s d’agressions sexuelles ne sont pas pris.e.s au sérieux. #metoo
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