Illustration : Layloo (@mycrazycolouredmind)
J’ai toujours su que je voulais avoir des enfants. En fait, c’est pas juste que je veux des enfants, c’est plus que ça, c’est genre mon plus grand rêve. Mon objectif de vie ultime. Mon calling.
Y’en a qui rêvent de découvrir un remède pour le cancer, d’aller dans l’espace, de devenir la première Première ministre du Canada ou de gagner le prix Nobel de la paix; moi je rêve de vivre ma petite vie et d’aider des petits êtres humains à devenir des personnes indépendantes et honnêtes. I mean, tant mieux si en plus j’ai une carrière brillante et que je fais quelque chose qui aide à l’avancement de l’humanité, mais c’est pas ça qui me drive au jour le jour.
Pis en plus de toujours avoir su ça, j’ai toujours su que je voudrais la commencer tôt ma famille, genre au cours de la vingtaine (hello there, here you are!). J’ai commencé à ressentir les premiers urges vers 17 ans, quand j’ai commencé le cégep et que j’ai quitté la maison de mes parents pour aller habiter en ville. Le fait d’être en appart et de gagner en indépendance me faisait vraiment sentir que j’approchais, lentement mais sûrement, de mon but, même si je voyais bien que j’étais pas encore prête à passer par la case maman.
Faque, comme je suis quelqu’un de ben pragmatique dans’ vie, je me suis donné deux « missions » pour les prochaines années, en attendant d’être « prête ».
D’ailleurs, parenthèse, je viens de faire le test de personnalité dont La Perdrix parle dans un de ses textes, pis ça l’air que j’ai une personnalité de type Advocate (INFJ-T). En gros, ce que ça veut dire, c’est que je suis une personne ben idéaliste, mais qui met les choses en place pour atteindre ses objectifs. Vraiment accurate pour qui me connaît, et je pense que l’histoire de ce texte en est un très bon exemple!
Donc, je disais, je me suis donnée deux « missions » pour les quelques années qui suivraient : me « préparer » et profiter à fond de ma vie de jeune adulte(-ish). Et c’est exactement ce que j’ai fait pendant les trois années qui ont suivies. J’ai fait full d’introspection, j’ai fait pas mal de ménage dans ma tête, j’ai développé de saines habitudes de vie, je me suis mise au yoga et à l’écriture, j’ai appris à faire attention à mon alimentation, mais sans me priver, j’ai appris à prendre soin de moi. Bref, j’ai consacré beaucoup de temps et d’énergie – et je continue de le faire continuellement – à devenir la meilleure version possible de moi-même. Pis en parallèle de tout ça, j’ai eu du fun, j’ai fait le party en masse, j’ai exploré ma sexualité, j’ai fait des folies, je me suis tricoté un cercle d’amies sur qui je peux compter et avec qui je partage nombre de souvenirs, et je suis partie en voyage, seule, pendant presque 9 mois – voyage au cours duquel j’ai refait toutes les choses énumérées plus haut, mais de façon encore plus intense et condensée!
Au retour de ce long voyage, une fois cet objectif intermédiaire de découverte de moi accompli, je me sentais plus proche que jamais de mon rêve. Plus proche, mais encore incroyablement loin, parce que je ne savais pas comment atteindre la prochaine étape. Je venais de passer plusieurs années à faire toutes sortes de choses, à agir sur moi, pour arriver à me sentir relativement prête, mais la suite ne dépendait plus uniquement de moi.
Je me suis alors rentré dans la tête que pour pouvoir avoir des enfants, il fallait que je commence par être en couple. Ce qui est quand même plutôt logique, je vous le concède. Mais alors que je venais de multiplier les histoires sans lendemain et les relations sans attaches, je ne savais pas trop trop comment faire pour y arriver. Pis, comme je ressentais de plus en plus le besoin d’avoir des enfants bientôt, et que quand j’ai une idée en tête j’agis un peu comme un bulldozer – ou une locomotive si on adopte un regard plus positif – je me suis pitchée dans toutes sortes de relations et simili-relations qui ne me convenaient pas. J’ai continué à fréquenter des gens avec qui ça ne pouvait juste pas fonctionner, dans l’espoir que peut-être qu’éventuellement ça pourrait hypothétiquement déboucher sur quelque chose. L’exemple le plus flagrant est ma dernière relation, dans laquelle je suis restée beaucoup trop longtemps pour mon bien, dans laquelle j’ai accepté bien trop de choses que j’aurais jamais accepté autrement, juste parce que j’avais cet objectif semi-conscient là qui flottait dans l’air. J’ai donc eu, au cours des quelques dernières années, une attitude super malsaine face à mes relations, et potentielles relations, qui mettait énormément de pression sur mes épaules et sur celles des autres, et qui me faisait perdre de vue l’essentiel : le respect de soi et de l’autre.
Pis là, l’hiver dernier, l’inévitable s’est produit, mon ex et moi on s’est séparées dans une violente explosion d’insultes et de haine. Dans les semaines qui ont suivies, mon vélo est resté prisonnier de la neige et de la glace et moi je suis restée prisonnière de la montagne russe de mes émotions. Mais j’avais beau être incroyablement repliée sur moi-même et passer beaucoup de temps à ne rien faire, dans ma tête ça bouillonnait. Je réfléchissais sans arrêt, retournant toute cette histoire – tout ce qui est raconté dans cet article – dans tous les sens, cherchant à l’observer sous tous les angles. Je commençais à me dire que le couple n’était peut-être pas pour moi. Mes relations passées me poussaient à croire que je n’étais pas vraiment capable de fonctionner dans un couple, de rester moi, de ne pas me perdre. Mais en même temps, je ne voulais pas arriver à cette conclusion, parce que je ne voulais pas renoncer à mon rêve de famille.
Ce qui m’a permis de sortir de ce tourbillon infernal, c’est une conversation super éclairante que j’ai eu avec ma mère, qui comprenait apparemment très bien mon struggle, durant laquelle elle m’a aidé à comprendre qu’il valait bien mieux avoir un.e enfant seul.e que dans un couple dysfonctionnel. Suite à ce life-changing talk, j’ai réalisé quelque chose d’autre : lorsque je visualise mon futur, et ce depuis de nombreuses années, je me vois toujours avec des enfants dans ma vie, mais jamais avec une autre personne à mes côtés à la tête de cette famille. J’ai juste toujours pris pour acquis que j’étais en couple, parce que c’est le modèle familial communément véhiculé par la société.
Attention là, je suis pas en train de dire que je veux ab-so-lu-ment être une mère monoparentale. Ce que je dis, c’est que le couple, c’est pas un objectif en soi dans ma vie. Mais la famille, oui. Donc, si ça passe par un couple sain et fonctionnel, tant mieux, je suis pas contre l’idée, loin de là. Mais je vais pas attendre après ça pour fonder ma famille non plus. Je suis tannée d’avoir l’impression d’attendre après un autobus qui ne passera peut-être jamais. J’ai jamais eu besoin de personne pour atteindre mes objectifs et faire ce que j’avais envie de faire, je vois pas pourquoi je commencerais maintenant!
Je suis prête et j’ai envie d’avoir des enfants dans un avenir rapproché, genre dans les prochaines années. Je veux pas me presser, me mettre la pression pour faire ça au plus vite, je me suis bien rendue compte que c’était malsain. Mais en même temps, je me dis que si l’occasion se présente, je veux pas la laisser passer. Si je rencontre quelqu’un avec qui faire du co-parenting, ou quelqu’un de qui je me dirais crime que ça ferait un bon mix de gênes lui pis moi et qui voudrait bien faire office de géniteur, ben go! Pis sinon, si les étoiles s’alignent pas d’ici à ce que je finisse mes études et que je me trouve une vraie job, je commencerai à envisager d’autres options, comme l’adoption par exemple.
Let’s see where life takes me, mais une chose est certaine, je suis beaucoup plus sereine dans mon approche des relations depuis que j’ai pris cette décision.
Indépendante,
Padmé
Étudiante en physio, Padmé écrit pour se vider la tête et faire avancer ses réflexions. Drivée par les questions de genre, elle refuse de se faire enfermer dans une image stéréotypée de la femme. La preuve, il n’est pas rare de la trouver les deux mains dans la graisse de vélo en train de chanter du Céline Dion à tue-tête.
Pour lire le dernier article de Padmé – Germaine frustrée, bien malgré moi – c’est ici!
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