Illustration : Garance (@garancebb)
Boy meets girl. Boy invite girl à une date. Boy embrasse girl. C’est l’amour fou. Iels sont parfait.e.s l’un.e pour l’autre. #couplegoals
Là il leur arrive quelques péripéties : un triangle amoureux (classique), un.e ex un peu névrosé.e (pour les comédies légères), une maladie ou un accident de char (plus tragique), un parent qui désapprouve la relation (pour tester la force de leurs sentiments), une catastrophe naturelle (pour une petit peu d’action), une invasion d’extra-terrestres (pour un petit côté sci-fi), name it! Mais au final, pas de doute, le dénouement heureux, c’est qu’iels ont trouvé l’âme soeur. Ouhlala… #socute
J’y ai longtemps cru, à cette ode du couple, mais disons que le Prince Charmant (ou la Princesse Charmante hein, je vous l’ai déjà dit que j’étais pas hétéro) a pas mal perdu de son charme dernièrement.
Je viens tout juste de sortir de ma plus longue/sérieuse relation, pis je suis en criss. En criss contre moi-même. En criss contre elle. En criss contre la situation. (Hum, c’est sûrement un peu moi en fait, l’ex un peu névrosée en ce moment…) Pis en criss contre toutte les esti de films d’amour qui m’ont fait croire toute ma vie que : 1) c’est facile les relations et 2) c’est ce que je recherche, ce qu’il me faut pour atteindre le bonheur.
À les entendre, rencontrer l’âme sœur = toute une vie de bonheur sans aucun effort à fournir. Une fois surpassées les petites difficultés du début (voir les exemples ci-haut), ben ça plane pour la vie! Pouf, juste de même, trouver l’âme sœur serait une solution miracle à tous nos problèmes. Une genre de version moderne et instagramable des « ils vécurent heureux et eurent beaucoup d’enfants » de notre enfance. #bae
Pis y’a aussi cet espèce de malaise envers le célibat, cette impression que c’est un genre de problème à régler. C’est pas grave, tu va trouver quelqu’un d’autre. Dit sur le même ton qui sert à rassurer un.e alcoolique qui vient de boire après plusieurs mois de sobriété. C’est pas grave, tu vas t’en sortir. Comme si le célibat était une rechute. Paf! Retour en bas de l’échelle du bonheur et de l’amour. Mais tsé, c’est pas grave parce que de tout façon, tout le monde connaît quelqu’un.e que t’apprécierais tellllement! Non mais cette fois-ci j’te jure, il/elle est parfait.e pour toi! #blinddate
À les entendre, rencontrer l’âme sœur = prérequis pour le bonheur. Genre si t’es pas en couple, tu vas rusher ta vie sans jamais vraiment pouvoir l’atteindre, le bonheur. Comme si tu décidais de prendre un cours de maîtrise en physique mécanique sans savoir faire des dérivées parce t’écoutais pas dans tes cours de maths au cégep. C’est possible, mais faut être un f**king prodige! Ça donne l’impression qu’il faudrait être genre le/la Einstein du bonheur pour arriver à être célibataire ET heureux.se. #scienceoflove
En tout cas, bref, je veux pas basher le couple, au contraire. Je trouve ça tellement beau! Tsé quand je regarde des gens comme mes parents par exemple, qui depuis plus de 20 ans construisent leurs vies ensemble, je ne peux que les admirer. Ce que je dis, c’est que j’ai pu envie de faire tourner toute ma vie autour de la recherche de la bonne personne. Je me suis rendue compte récemment que dans les dernières années j’avais consacré beaucoup d’énergie à la poursuite du couple parce que je croyais, à tort, que c’était ce qui me permettrait d’atteindre le bonheur et de me rapprocher de mes objectifs de vie. J’avais tort. Je me suis rendue malheureuse plus d’une fois dans cette folle course-poursuite.
Donc voilà, c’est la St-Valentin et j’aurais envie qu’on célèbre un amour plus large que juste celui du couple. Pis j’aimerais ça qu’on arrête de faire sentir aux personnes célibataires qu’elles sont « seules », qu’elles ont un problème. #spreadthelove
Sur ce, je pense que je vais aller manger au resto, toute seule, pis faire semblant de lire pour pouvoir écouter les conversations des couples en blind date aux tables près de la mienne. À moins que seuls les couples soient acceptés ce soir… #valentinesday
#single,
Padmé
Étudiante en physio, Padmé écrit pour se vider la tête et faire avancer ses réflexions. Drivée par les questions de genre, elle refuse de se faire enfermer dans une image stéréotypée de la femme. La preuve, il n’est pas rare de la trouver les deux mains dans la graisse de vélo en train de chanter du Céline Dion à tue-tête.
Pour lire le dernier article de Padmé – Écriture inclusive pour les nul.le.s – c’est ici !
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