***Lumière sur des femmes inspirantes du passé***
Recherche et rédaction : Maude Savaria – Historienne et archiviste (@msavacou)
Illustration : Pénélope (@penelop.e_charlebois)
Rose Mary Louise Hills Henderson (1871-1937)
Rose Henderson est une travailleuse communautaire, socialiste et activiste pour la paix et les réformes sociales.
Née en Irlande, elle serait arrivée en Amérique vers 1885 et à Montréal quelques années plus tard. C’est après le décès de son mari en 1904 qu’elle commence son implication communautaire. Enseignante dans une école du dimanche, elle croit que les enfants sont les produits de leur environnement plutôt que de leur caractère inné, une pensée qui n’est pas encore populaire. Elle s’implique à la Children’s Aid Society, un organisme œuvrant en protection de la jeunesse. Elle fait pression jusqu’au ministre du travail afin de promouvoir une législation contre l’usage des drogues telles la cocaïne chez les jeunes. En 1912, elle est nommée agente de probation pour la Cour des jeunes délinquants de Montréal, une des seules femmes fonctionnaires à l’époque. Son rôle consiste à accompagner les enfants non-catholiques (i.e. protestants et juifs) dans le processus judiciaire et de les influencer vers une meilleure vie. Henderson croit que la pauvreté est la source principale de la délinquance et que ceci en fait un problème de classes sociales. Elle le démontre dans son livre Kids What I Knows.
En parallèle à son emploi de fonctionnaire, elle écrit des pièces d’opinion dans divers journaux dont le Women’s Century et The Labor World/Le Monde Ouvrier. Elle est invitée à s’exprimer en entrevue par divers journaux, devant les hommes du Trades and Labor Congress, devant les membres du Social Service Congress of Canada ou encore devant la Young Men (ou Women) Hebrew Association. Henderson aborde l’importance du suffrage féminin, l’hypocrisie des femmes bourgeoises, l’accueil des personnes immigrantes, certaines œuvres à portée sociale, la paix mondiale, l’intégration des femmes au mouvement ouvrier et les pensions aux mères sans pourvoyeur.
En 1917, Henderson participe à la création du Canadian Labor Party et s’implique au Independent Labor Party en 1919 lors de la première élection partielle ontarienne où les femmes peuvent voter. Henderson est forcée à démissionner de son poste à la Cour suite à la découverte de littérature communiste dans son bureau et plusieurs de ses autres engagements sont annulés. Malgré ces allégations, elle reste une conférencière recherchée, de tendance féministe maternaliste et socialiste. Sans jamais gagner, elle se présente, au courant de sa vie, dans divers comtés pour différents partis ouvriers. Ses prises de parole l’amènent partout au Canada.
Rose Henderson, bien connue par ses pairs, n’est pas passée à l’histoire comme d’autres femmes ayant fait partie des mouvements de réformes sociales de l’entre-deux-guerres. Malgré l’absence d’archives personnelles, des traces de ses idées, parfois controversées, parfois incohérentes, parfois audacieuses, se retrouvent dans divers journaux, publications, comptes-rendus de conférences et même dans le journal intime d’un premier ministre.
Pour aller plus loin :
Peter Campbell, Rose Henderson : A Woman for the People, 2010.
Linda Kealey, Enlisting Women for the Cause : Women, Labour, and the Left in Canada, 1890–1920, 1998.
- J. H. Little, No Car, No Radio, No Liquor Permit : the Moral Regulation of Single Mothers in Ontario, 1920–1997, 1998.
Joan Sangster, Dreams of equality : women on the Canadian left, 1920–1950 1989.