Illustration : Alice (@halissss)
Avec mon ex, ça faisait six ans qu’on était ensemble. On a toujours représenté ce genre couple sans vraiment de disputes. On était ben cutes. Ça nous arrivait même des fois de nous demander comment les autres couples faisaient pour se chicaner autant quand, nous, on faisait juste s’aimer.
Mais, après six ans à me sentir bien dans ma relation avec mon chum, j’ai commencé à me poser des questions. Des questions au niveau de l’intimité. Depuis quelques mois, on couchait moins ensemble. Et ça me troublait. Je me demandais si c’était normal, si mes ami.e.s vivaient des choses similaires. Peut-être était-ce simplement le fait que j’avais une baisse de libido sans justification apparente? Et si ça n’avait rien à avoir avec ça, est-ce qu’il y avait quelque chose qui contrariait mon chum et dont je n’étais pas au courant? Je me disais que, peut-être c’était moi le problème. Moi, celle qui se posait trop de questions et qui, au bout du compte, se mettait un poids démesuré sur les épaules pour posséder une vie sexuelle active avec son amoureux. Anyway, c’est quoi la normalité, est-ce qu’il y a une bonne réponse à la question combien de fois on devrait coucher ensemble? J’ai compris que non, la bonne réponse n’existe pas. Chaque personne possède ses propres attentes au sein d’un couple ainsi que ses propres limites par rapport à la sexualité. Par contre, à ce moment-là, je ne le savais pas.
Après plusieurs nuits à mal dormir et à réfléchir sur mon couple, j’ai réalisé que mon chum ne m’attirait pu vraiment. La flamme « sexuelle » n’y était plus. Je ne connaissais pas du tout la raison principale à cette baisse de désir. Je me rappelle avoir entendu cette petite voix qui me disait : mais pourquoi tu veux gâcher l’avenir de ton couple? Pourquoi tu te plains quand t’es heureuse? Je remettais mon couple complètement en question.
En plus des mille et une questions qui tournaient en boucle dans ma tête, mon chum m’a avoué que dans les derniers temps, il se sentait « moins désiré » qu’avant, qu’il voulait se sentir plus épanoui au niveau sexuel. En gros, mon « manque de libido » (comme il le nommait) l’affectait réellement. Oufff, un autre poids lourd à ajouter sur mes épaules. Lourd à porter, mais surtout à entendre. D’ailleurs, mon chum ne me mettait pas délibérément cette pression. Il m’avait seulement exprimé ce qu’il éprouvait face à tout ça. Malgré tout, j’avais véritablement un cocktail d’émotions qui émergeaient en moi. C’était essentiellement de la tristesse et de la peur. Peur de perdre les six années que j’avais construites. Je pensais constamment à tout ça.
Les semaines ont passé. J’essayais de cacher ma culpabilité et mon inquiétude face à l’éventualité que JE brise notre relation, en plus de toutes les autres émotions qui y étaient rattachées. J’essayais de penser à autre chose que je pourrais faire pour sauver mon couple. Je me disais que ça allait passer. Peut-être était-ce juste une mauvaise passe? Ça avait bien l’air que non.
Pourtant, pendant un temps, ça semblait mieux aller avec mon copain. On aurait dit que le désir était revenu. La fréquence des relations sexuelles avait augmenté. Quand j’y repense, à ce moment de ma vie, je réalise que je faisais passer son bien-être avant le mien, ce qui est très malsain.
Puis, un autre gars est arrivé dans ma vie en même temps que tous ces questionnements. Je parle bien de ce nouvel employé qui se présente à ma job. LUI, il me faisait ce petit feeling dans le bas ventre. Au fil des jours, je pensais de plus en plus à ce gars. Évidemment, je me sentais terriblement mal d’avoir ce feeling, cette connexion avec un étranger, chose que je ne possédais même pas avec celui qui partageait ma vie. Parce que t’sé, même si mon chum ne m’attirait plus, il ne méritait pas que ma tête pense à un autre gars. FUCK. Je n’avais jamais demandé que ça arrive. Ma petite voix me répétait : c’est toi qui gâches six ans de relation. C’est toi, le problème.
Et puis un soir, j’ai craqué. Ça faisait littéralement deux heures que je pleurais dans mon coin d’appartement à me demander comment j’allais en parler avec mon chum. Comment j’allais trouver les bons mots pour lui expliquer ce qui se passait dans ma tête, quand moi-même je réussissais même pas à décrire ce que mon p’tit cœur essayait de me dire. Cette même soirée là, je me suis dis que c’était assez. J’ai pris tout mon courage, pis j’ai parlé à mon chum de tout ce que j’avais sur le cœur depuis quelques semaines : mes émotions et la diminution de mon désir sexuel envers lui malgré le fait que je l’aimais encore. Je lui ai expliqué que je comprenais qu’il se sente moins désiré et que je me sentais être entièrement la cause de ça. Je voulais juste qu’il soit heureux. Et surtout au niveau sexuel. Je voulais qu’il se sente désiré et je voulais trouver un accord pour qu’il soit plus épanoui de ce côté.
En vérité, en prenant du recul, je suis persuadée que je savais au fond de moi que je ne l’aimais plus, mais j’étais dans le déni. Le déni de ne pas vouloir quitter six ans de vie de couple. J’avais accepté de laisser derrière moi le nid familial pour déménager à deux heures de ma ville natale pour être avec lui. Ce n’est pas rien! Aujourd’hui, je comprends qu’avoir des obligations ne signifie pas faire une croix sur mon bonheur. Pis des obligations, il y en a qui se changent (une autre job, un déménagement, etc.). Tant qu’on est heureux.se avec soi-même pis avec la personne qu’on aime.
Donc, après plus de quatre heures de pleurs pis de confessions, on en est venu.e.s à un compromis : on avait le droit d’embrasser quelqu’un.e d’autre si on sortait dans un bar tant qu’on ne s’en parlait pas. Oh my god, le poids sur mes épaules est tombé. Maudit que ça avait fait du bien de m’ouvrir à lui comme ça. Dans ma logique, notre accord était dans le but que monsieur se sente désiré par quelqu’un.e, plus épanoui de pouvoir séduire, se faire séduire, etc. Je voulais ouvrir notre couple pour la santé de notre relation et pour son bonheur à lui, sans vraiment me demander si moi j’en avais réellement besoin à mon tour. Pourtant, ça m’a sauté aux yeux : moi qui n’aurais jamais souhaité avoir une relation ouverte auparavant, j’ai compris rapidement que j’en avais autant envie que lui.
Parce qu’aussitôt notre discussion terminée, moins de 24h se sont écoulées avant que j’aille frencher cedit collègue à pleine bouche au bar. Pis j’en ai profité en maudit durant le temps que ça a duré. Juste un soir. Le lendemain, c’était comme si rien ne s’était passé entre lui pis moi. Pis ça se trouvait très bien comme ça.
Les semaines ont passé. J’ai profité de la règle établie dans le respect des limites. Déjà, mon chum et moi on se parlait moins.
Un soir assez banal, tout d’un coup, mon chum s’est confessé : « j’aimerais qu’on passe à une autre étape, de pouvoir aller coucher avec d’autres personnes. » En entendant ces mots, j’aurais pensé être furieuse, dégoutée pis refuser systématiquement. Au contraire. La seule réaction que j’ai aussitôt eue, c’était le soulagement. Soulagée qu’il me le propose le premier.
Encore là, plusieurs questions ont résonné dans ma tête. T’es soulagée, mais t’as pas peur de regretter après? Imagines-tu si tu te sens comme d’la marde après avoir couché avec quelqu’un d’autre? Si t’apprends que ton chum a couché avec une personne, comment le prendrais-tu, toi? Est-ce que c’est réellement le genre de relation que tu souhaitais avoir après six ans de couple exclusif?
Anyway… ces réflexions ont été de courte durée. Le lendemain, je croisais un de mes anciens fuckfriends de jadis, bien avant mon chum. Résultat : j’ai terminé la soirée dans son lit. À aucun moment je ne me suis sentie mal. Aucune émotion négative. Fuckall. Avec toutes les interrogations qui dansaient dans ma tête depuis des mois, je ne possédais aucun remords, j’étais juste bien. J’étais trop bien, même. Selon moi, à l’époque, quelque chose clochait définitivement dans mon comportement.
Quelques jours plus tard, je me retrouvais au travail. Une journée bien ordinaire. Out of nowhere, j’ai reçu un texto de mon chum : « On doit se parler. » Juste à ces mots, je le savais. Ça y était, c’était terminé. C’était vraiment la fin. J’essayais fort pourtant d’avoir une émotion, négative ou positive, peu importe. Mais rien du tout. Nada!
Arrivée chez moi, il m’attendait les larmes aux yeux. Les mots sont sortis : « ça fonctionne pu, nous deux. On s’aime pu. Il avait raison. » Après avoir conclu qu’on se laissait pour de bon, un poids énorme est tombé de mes épaules. Celui qui me traînait dessus depuis tellement longtemps sans vraiment que je m’en rende compte, après l’avoir nié et laissé m’écraser presque jusqu’au sol juste pour rester en couple avec un gars qui ne m’attirait même plus. Au fond, j’ai dû ouvrir mon couple pour réaliser que je n’aimais pu mon chum, même si je tenais à lui. Pendant si longtemps, j’ai refusé de croire que notre couple ne fonctionnait pas. Quand je l’ai réalisé, ç’a frappé. Mais c’était pour le mieux.
Depuis cette expérience, j’ai compris qu’on choisit d’être un couple ouvert pour différentes raisons. Certaines personnes sont heureuses dans cette configuration relationnelle. Chaque couple possède sa propre conception de l’ouverture ainsi que sa justification personnelle de le faire. La mienne, c’était d’essayer de réparer quelque chose de brisé, de rallumer une flamme qui était éteinte depuis quelque temps.
Au bout du compte, moi qui croyais causer du tort à mon couple en commençant à avoir des fantasmes sur un autre gars, j’ai réalisé que mon chum se retrouvait tout autant dans le déni envers ses sentiments pour moi. On vivait chacun.e nos préoccupations de notre côté sans se le nommer. Comme on dit : « la communication, c’est la clé ».
En prenant conscience de tout ça, je peux maintenant l’écrire aujourd’hui : dans notre couple, personne n’était le problème. Comme on l’entend souvent quand des gens se laissent aller : ça marchait juste pu. Dans mon cas, c’était bien ça. Pi c’est tellement correct! Ça arrive, ce genre de breakup. Si je retournais dans le passé, je voudrais revivre la même situation telle quelle parce que ça m’a appris tellement de chose sur moi-même.
Déjà, à comprendre à quel point la communication est ultra-importante. Aussi, j’ai compris qu’il ne faut pas laisser nos obligations personnelles prendre le dessus sur notre bonheur. Si je ne suis plus bien dans mon couple, je ne m’obligerai pas à rester parce que j’ai signé un bail. It makes no sense. Finalement, nos émotions, c’est essentiel de prendre le temps de les vivre pis de comprendre la raison de leur présence. C’est impossible de simplement les ignorer.
Aujourd’hui, je ressors reconnaissante et cultivée de cette relation. Je ne regrette absolument rien.
Mystique