Illustration : Alice (@halissss)
Quand j’étais petite, j’avais deux films vraiment préférés. La Belle au bois dormant, basically une princesse qui dort durant genre 100 ans or so pis qui se fait sauver par un beau prince qui l’embrasse. Quand on y pense c’est crissement creepy. I mean, le dude embrasse une quasi-morte-comateuse et ce, sans consentement. Bref.
Et mon autre film préféré, c’était Mulan. Une badass qui veut sauver son pays pis qui se dit, fuck that, j’ai pas envie de faire ça d’une cuisine moi (parce que ouais, je pense qu’il faut reconnaître le travail invisible des femmes qui restent à la maison en temps de guerre, I mean, elles ne sont pas célébrées en héroïnes comme il se doit, ou comme les hommes, mais sans leur travail les hommes ne pourraient pas partir jouer avec leurs fusils)! Elle décide donc de se déguiser en homme pour fitter dans le boy’s club.
Pis je réfléchissais à ça l’autre jour pis j’me disais crime bine, ça l’explique donc ben bien des années de contradictions à l’intérieur de moi. Ce côté féminin et cet autre côté masculin (je suis pas trop sûre de comment les décrire sans tomber dans des clichés du genre une femme c’est un être sensible et un homme c’est un être courageux) qui voulait complètement renier le premier.
Ah, le boy’s club. Comme j’ai voulu en faire partie de cette clique-là. Mon doux seigneur. J’aimais donc ça quand on me disait que j’étais différente des autres filles, que j’étais pas susceptible, que je faisais du sport, que j’écoutais des mangas, que je sais pas… que j’étais vraiment chill pour une fille (oui c’est une vraie quote).
En fait, j’essayais de renier ce côté féminin. Je voulais être le plus similaire possible aux gars que je côtoyais. Je ne parlais pas de ma passion pour Céline ou pour les films d’amour, ni de la partie full artistique / danse de la gymnastique (sport que je pratiquais à l’époque), je méprisais les filles qui restaient sur les bancs en éduc, je buvais comme les gars, je faisais tout pour être la fille badass et différente.
J’aimais ça pouvoir me dire que j’avais beaucoup d’amis gars, que je pouvais passer des soirées entières à être la seule fille du groupe sans que ça soit étrange aux yeux de personne, pis être en mesure de bitcher les femmes de manière générale parce que moi, je n’étais pas comme elles.
Récemment, en regardant une vidéo de la fantastique Solange te parle, j’ai réalisé que durant toutes ces années où je me mettais sur ce piédestal face aux autres femmes, je pratiquais une sorte de misogynie intériorisée.
Oh yes, t’as bien lu. La fille qui écrit dans un blogue féministe, ex-misogyne? Yep, yep, yep…
Pourquoi en suis-je venue à développer une sorte de haine intériorisée de ces femmes « si femmes »? Possiblement parce que c’était l’unique modèle qu’on me présentait et que ça ne me correspondait en rien. Une femme, ça se maquille, ça s’habille bien, ça l’a un sens maternel développé, etc. Une femme ça ne fait pas des backflips, ce n’est pas ambitieux, ça ne game pas et ça ne s’intéresse surtout pas à la politique.
Pis c’est justement ça que le féminisme m’a apporté : comprendre qu’on peut être femme de n’importe quelle façon. Avoir des ongles en gel, les cheveux teints en blond pis faire d’la boxe, no worries. Avoir des photos sexy sur Instagram, être avocate, pis avoir les cheveux rasés, you go girl! Être une Mulan, une Aurore, ou ben un mix des deux, who cares? Parce que dans le fond, une identité c’est complexe en crisse. On peut se sentir plus masculin.e un jour, et plus féminin.e l’autre. Pis y’a rien de wrong avec ça.
Je rêve juste d’un monde où tout le monde pourra l’exprimer librement, sans se faire basher, comme Hubert Lenoir par exemple.
Je termine donc avec une de ses quotes célèbres : « J’aimerais ça voir des garçons porter du rouge à lèvres, qu’ils soient hétérosexuels ou non. J’aimerais ça voir les femmes laisser grossir leurs courbes pis porter des moustaches. »
Médusa
Médusa, étudiante en communication, dont les propos peuvent parfois être venimeux, n’a pas la langue dans sa poche. Provocante et animée par la sexualité, elle débat pour déconstruire l’image de la pute, de la vierge et de la mère.
Pour lire le dernier article de Médusa – Le « vrai » orgasme – c’est ici!
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