Illustration : Garance (@garancebb)
Ce dimanche, c’était la Journée Internationale des Droits des Femmes. Et, un peu comme à tous les matins, avant même de quitter la surface de mon lit, j’ai sorti mon téléphone cellulaire, pis je me suis mise à scroller Instagram avec presqu’autant de passion qu’une personne hangover calle un verre d’eau en lendemain de brosse. I guess qu’on pourrait dire que je suis légèrement accro. Mais bon, quand tu t’occupes d’alimenter les réseaux sociaux de ta page féministe, t’as comme pas le choix d’être au courant de ce qui se donne sur la « instalife ». You know what I mean?
Bref, tout ça pour dire que, en tant que féministe, j’ai toujours hâte à la #IWD parce que les artistes et activistes ont toujours des projets trop intéressants à montrer. La preuve, c’est qu’on a nous aussi profité de cette journée symbolique (aka le 8 mars) pour lancer Les Péripatéticiennes back in the days, en 2017.
Sauf que ce matin-là, en regardant les stories des gens sur mon compte personnel, j’étais comme sul’cul. J’avais l’impression que c’était la St-Valentin pis la Fête des Mères en même temps. C’était post après post des trucs du genre, Joyeuse journée des femmes à toutes les femmes de mon entourage, des photos mères-filles avec des quotes vraiment cheesy sur la pseudo-féminité ou encore des posts de chums qui donnent des fleurs à leur blonde en honneur à la femme la plus importante de leur vie. Comme si c’était une célébration joyeuse.
Pis ça m’a comme vraiment gossé. Je faisais les cents pas chez nous, des aller-retours dans ma chambre, pis je m’arrachais presque les cheveux de sua tête. Comment ça se fait qu’une journée aussi importante devienne une excuse pour genre flasher nos belles photos mères-filles sur Insta, pour se féliciter d’avoir un vagin ou pour show-off notre statut marital câlisse?
Faque j’me suis comme demandé, si ça avait toujours été comme ça ou si c’était juste particulièrement intense cette année. Pis à bien y penser, mon plus vieux souvenir de la Journée Internationale des Droits des Femmes remonte à l’école primaire, où on nous disait que c’était une journée vraiment importante parce qu’il y avait toujours des femmes qui subissaient des inégalités ailleurs dans le monde. J’pense ben qu’une fois on avait même eu un talk vraiment traumatisant sur l’excision. Mais, ironiquement, on ne nous parlait J-A-M-A-I-S des inégalités vécues ici. Y’avait comme une entente tacite, genre, ici, on l’a atteint l’égalité, pis là-bas, non, facque c’est pour ça que cette journée-là existe encore.
Mais I guess que ça, c’est justement une conséquence du patriarcat qui veut se maintenir au pouvoir en créant une fausse hiérarchie entre femmes. Genre, d’un bord y’a les femmes « libérées » pis de l’autre les femmes « opprimées ». C’est d’un ridicule! On s’entend, tant qu’une femme sera opprimée, AUCUNE femme ne sera à l’abri! D’où l’importance d’être solidaires entres femmes partout dans le monde. Et dans tous les cas, je connais pas un endroit où les femmes sont véritablement égales aux hommes. Bref, tout ça pour dire que du haut de mes 10 ans, je comprenais pas trop pourquoi j’avais le droit de fêter la Journée Internationale des Femmes, mais pas la Fête des Mères. Ça avait pas mal l’air de la même journée pour moi.
Sauf qu’aujourd’hui, en tant que féministe câlissement assumée, cette journée « de la femme » a pris une tout autre tournure. Le 8 mars, c’est une journée clé pour démontrer au monde entier que la LUTTE pour l’atteinte de l’égalité entre les hommes et les femmes est looooooooin d’être terminée. C’est une journée pour justement montrer que les inégalités subsistent partout pis qu’on va continuer de se fucking battre tant qu’il le faudra.
Parce que fuck, on est en 2020, pis l’accès à l’avortement est en danger partout sur la planète.
On est en 2020, pis les femmes subissent toujours des agressions pis du harcèlement de rue.
On est en 2020, pis les femmes sont toujours très majoritairement en charge du travail invisible, de la charge mentale pis du travail émotionnel.
On est en 2020, pis y’a toujours des inégalités salariales entre les hommes et les femmes.
On est en 2020, pis le clitoris est toujours mal représenté dans les manuels de sciences.
On est en 2020, pis le fardeau de la contraception pis de l’éducation des enfants repose encore sur les femmes.
On est en 2020, pis les hommes ont toujours plus d’orgasmes que les femmes.
On est en 2020, pis y’a toujours pas une parité au sein des gouvernements ou des sphères médiatiques.
On est en 2020, pis y’a toujours peu de recherche et de financement dans les domaines médicaux qui touchent les maladies féminines.
On est en 2020 pis ç’a tout pris pour que Weinstein soit emprisonné.
On est en 2020, pis le sexisme continue de tuer.
Parce que fuck, on est en 2020, pis l’égalité est loin d’être obtenue.
Ça fait que le 8 mars, pour la Journée Internationale de la Lutte pour les Droits des Femmes, j’veux pas que tu me donnes des fucking fleurs, que tu me souhaites une bonne journée ou que tu me donnes du chocolat.
J’veux que tu supportes mes initiatives féministes, celle des autres, que tu respectes les femmes toujours pis que tu dénonces les comportements problématiques de tes ami.e.s. J’veux qu’on en profite pour avoir une conversation sur tous ces enjeux là.
Tsé, c’est un peu comme la St-Valentin. C’est hypocrite si tu me dis que tu m’aimes juste ce jour là. Facque le 8 mars prochain, profites-en donc pour jurer solennellement que tu seras un allié féministe toute l’année. Ça, ça me ferait vraiment plaisir.
On continue,
Médusa
Médusa, étudiante en communication, dont les propos peuvent parfois être venimeux, n’a pas la langue dans sa poche. Provocante et animée par la sexualité, elle débat pour déconstruire l’image de la pute, de la vierge et de la mère.
Pour lire le dernier article de Médusa – Chronique d’une femme frustrée sexuellement – c’est ici!
« no quiero que me des las putas flores, que me desees un día bueno o me des chocolate » , potente, Medusa