Illustration : Garance (@garancebb)
Il fait noir. Je suis à peine réveillée, mais je ne veux pas ouvrir les yeux, je ne veux pas bouger, par peur d’interrompre cette sensation qui me fait frémir, qui secoue mes cuisses, qui envoie des pulsations à travers mon corps entier, qui part d’entre mes jambes. Mes mains, mes doigts sont sagement restés sous mon oreiller. Mais je viens bel et bien d’avoir un orgasme. Avec un soupir de contentement, je souris, je savoure l’instant présent. Et puis je me rendors tout doucement, incroyablement satisfaite.
J’adore les orgasmes nocturnes.
Mmmh. Quel beau cadeau que mon corps m’offre, juste comme ça, gratis, sans rien demander en retour. Rien que d’y penser, je ne peux pas m’empêcher de sourire. Et d’être pas mal excitée.
Je ne me souviens pas de la première fois que j’ai eu un orgasme dans mon sommeil. Me connaissant, je me suis sûrement sentie embarrassée par cette expérience. Je me souviens très bien, par contre, de la première fois que j’ai réalisé que je « venais » vraiment, que c’était pas juste dans ma tête ou dans mon rêve. Wow. Look, no hands!
Je le prends comme un cadeau, sauf la fois où je dormais à côté d’une personne qui n’était pas un.e partenaire sexuel.le, et où je suis pas mal sûre que j’ai gémi de plaisir dans mon sommeil. #oups. Un cadeau donc, sauf les fois où je me réveille juste avant ce merveilleux orgasme. Rien de plus frustrant que de sentir que si je m’étais réveillée quelques secondes plus tard, j’aurais atteint l’orgasme. Bien sûr, rien ne m’empêche de sortir mes doigts de sous mon oreiller et de poursuivre la sensation jusqu’au bout, si l’envie me prend… ce qui arrive souvent.
Je crois que les orgasmes nocturnes sont différents pour chaque personne, mais dans mon cas, je me réveille pendant l’orgasme, ou parfois juste après. Et même si c’est après, la sensation est claire: c’était un orgasme physique. Pour certaines personnes, les orgasmes nocturnes sont toujours associés à des rêves érotiques. Pour d’autres, ils sont plus fréquents quand elles font l’amour et atteignent l’orgasme régulièrement. Pour d’autres encore, ils ont lieu pendant des rêves lucides – il paraît qu’il y a des gens qui peuvent contrôler leurs rêves pour atteindre l’orgasme dans leur sommeil! Dans mon cas, ce sont parfois des rêves érotiques qui me mènent à l’orgasme, mais pas toujours. Je peine à comprendre les liens que mon cerveau fait entre certains de mes rêves et l’orgasme qui vient avec, mais je ne m’en plains pas. En fait, ça arrive régulièrement que je me souvienne de l’orgasme, mais pas du rêve. Les orgasmes qui me réveillent, je les chéris. Ils sont puissants, même s’ils ne sont pas accompagnés d’images érotiques.
Récemment, j’ai eu le goût de voir si c’était fréquent, si je faisais partie d’une communauté de femmes qui jouissaient régulièrement la nuit et qui se réveillaient par la suite ultra reposées. J’ai donc googlé. Après tout, j’avais déjà entendu parler des wet dreams vécus par les gars dans les cours déficients d’éducation sexuelle qu’on a eus au primaire. On nous avait expliqué, à l’époque, que les gars pouvaient parfois se réveiller dans une mare de sperme après avoir éjaculé pendant leur sommeil, mais personne ne nous a dit que ça pouvait arriver pour les filles aussi! Aujourd’hui, je sais que je ne suis pas la seule qui a des orgasmes nocturnes, mais j’aurais aimé le savoir avant.
Parmi les nombreux articles à sensation (« J’ai eu un orgasme dans mon sommeil, et vous pouvez en avoir aussi! Cliquez pour en savoir plus! »), j’ai trouvé quelques articles scientifiques sur la question (réflexe d’éternelle étudiante, j’espère que vous me pardonnerez). Mis à part un article datant de 1959 qui établit un lien entre les orgasmes nocturnes et les maladies psychiatriques (ça ne s’invente pas), presque tous les articles que j’ai trouvés mentionnent à quel point c’est un sujet sous-étudié. Pourtant, selon ces mêmes articles, plus d’un tiers des femmes consultées ont rapporté avoir déjà eu un orgasme nocturne. Le sujet ne mérite-t-il donc pas d’être mieux connu? Au moins autant que les wet dreams? Une étude montre qu’un des facteurs qui peut faire en sorte que les femmes commencent à avoir des orgasmes nocturnes, c’est tout simplement de savoir que ça existe. Pourquoi donc se priverait-on d’une telle joie? Parlons-en, des orgasmes nocturnes! Depuis que j’ai décidé d’en parler, d’ailleurs, j’en ai moi-même eu plus que d’habitude. Alors que normalement, j’en ai environ deux fois par mois, ces temps-ci, c’est plutôt deux fois par semaine que ça m’arrive.
Peu importe leur forme, on ne devrait pas en avoir honte. C’est un phénomène naturel et, pour plusieurs d’entre nous, vraiment plaisant. Et qui sait… peut-être que vous en aurez, vous aussi, après avoir lu ce texte. Je vous le souhaite ardemment.
Perséphone
Candidate à la maîtrise et musicienne à ses heures, Perséphone est une nerd assumée et une grande fan de drames romantiques d’époque. Introvertie qui aime les gens (même si ça a l’air contradictoire!), elle croit fermement au droit des fxmmes de faire ce qui peut bien leur plaire!
Pour lire le dernier article de Perséphone – La prochaine fois, je serais parfaite – c’est ici!