Illustration : Éliane (@lily364)
Je suis sur le marché du travail professionnel depuis trois ans maintenant. Pis changer de job, on se le cachera pas, c’est tough (mais genre puissance 10) ! Tu me diras: « Lol moé j’ai switché du IGA au Dollorama pis ça a pas changer ma vie » . Ok oui, peut-être. Mais tu vas comprendre quand tu vas te ramasser avec une job qui te passionne. Celle que tu veux vraiment dans ton petit coeur, que tu veux garder pour plus que 6 mois. « Une vraie job » comme dirait ma mère. Voici mes péripéties concernant le sujet…
Vendre sa salade semi-fraîche
First of all, la recherche d’un emploi et vendre sa salade dans un monde professionnel complètement saturé de gens compétents et talentueux s’avère incroyablement difficile. J’ai même pas encore de job que j’stresse déjà à savoir si je vais être assez performante pour simplement effleurer une offre d’emploi potable! (Parce que les jobs de mierda, y’en pleut. Mais si tu vis à Montréal comme moi et que ton loyer est déjà beaucoup plus cher que ce que tu aimerais, bah faut trouver une façon de faire un peu de moneymoves). Donc, je raffine mon CV le plus possible, j’écris ma lettre de présentation avec amour et je presse le bouton « envoyer » avec autant d’angoisse que si je détonnais une bombe.
L’entrevue
Les jours passent, pas de nouvelles…
Gros stress.
J’essaye de me contrôler et de ne pas ronger mes ongles!
Ou alors ce sont de mauvaises nouvelles?
Je sens le stress monter en moi, celui de ne jamais réussir.
Envie de m’échouer sur le divan tel un phoque en perdition éternelle.
Bref, enfin, un jour, une bonne nouvelle, une compagnie veut me rencontrer pour une entrevue. STRESSSSS MONUMENTAL (!!!)
Je sens déjà la moiteur de mes mains juste en pensant à ce futur entretien.
Mon état émotionnel s’est baladé gaiement entre l’envie d’être malade pour éviter cette confrontation professionnelle qui est too much pour mon petit coeur fragile et la fierté d’enfin pouvoir annoncer mon nouveau poste à ma famille, mes amis, pis toutes les Ginettes de mon Facebook!
Facque ouin, je cherches pendant des heures une tenue convenable pour cet entretien de vie ou de mort. J’finis par la trouver, mais le jour de l’entrevue j’ai évidemment oublié de faire mon lavage et ma jupe est un peu sale. Je passe le rouleau à dépoiler en 2 temps, 3 mouvements (gracieuseté de mon minet blanc qui sait exactement où trouver tout mon linge noir). J’gâche ma ligne d’eyeliner parce que j’ai l’shake et que l’entrevue est dans 30 minutes. J’prie fort fort pour que le métro soit pas en arrêt de service baby, parce que là, j’vais être dans la shnoute.
Le moment fatidique
Damn gurl! J’suis enfin rendue! Mais j’suis essoufflée comme une marathonienne, les cheveux en bataille pis en bonus la petite sueur dégueulasse de front. J’prends deux secondes et quart pour essayer d’avoir l’air présentable à nouveau… Ouin on va dire… oh pis fuck it! En passant, c’est vraiment pas mon genre de me vanter dans la vie et je suis plutôt nulle en vente, faque je vais miser sur mon charme weird pis demander fort fort à ma bonne étoile de lancer un sort à mes futurs employeurs pour leur faire croire que c’est une bonne idée de m’engager. (Enfin, c’est une excellente idée, c’est juste qu’iels le savent pas encore.)
Post-Entrevue-Apocalyptique
Bon, l’entretien se passe mieux que je l’avais anticipé. Victoire (presque) ! Et puis, vient déjà le moment où je doute que ça se soit bien passé, alors que ça s’est réellement bien déroulé. Et puis, vous connaissez la chanson. Bien oui! On attend… C’est aussi douloureux que la musique d’attente d’un service à la clientèle téléphonique (ma pref c’est celle d’Hydro Québec, ç’en est presque groovy).
ELLE EST DES NÔTRES, ELLE A EU LA JOB COMME LES AUTRES!!!
Halleluya baby! GOT THE JOB! (J’ai presque le goût de rire.) Ce dont je ne me doute pas à ce moment-là, c’est que j’ai fait le plus facile du processus. Mais c’est pas grave tout le monde est déjà au courant et me félicite, alors que j’ai même pas fait ma première journée. En tout cas, matante Ginette est bin fière de moi.
Mission Intégration-Interrogation?
Malgré toute la bonification de cet article avec ma prémisse farfelue, c’est surtout de cette partie que j’aimerais parler. S’intégrer dans un groupe et à la fois faire valoir son potentiel, c’est l’affaire la plus dure que j’ai eu à faire depuis longtemps. C’est à ce moment-là que tu dois te défaire de toutes pensées négatives et jeter toute émotion à la poubelle pour les trois prochains mois. Ce n’est pas écrit nulle part, mais TU N’AS PAS LE DROIT D’ÊTRE STRESSÉ.E. T’as juste pas le droit à l’erreur, ni de ressentir la peur, tu dois absolument être un roc! Comme t’as pu le constater, je suis une personne qui fait de l’anxiété de performance et je n’ai pas l’estime de Kim K.
Je me demande si ça fait partie de moi ou si c’est la société d’aujourd’hui qui m’a forgée comme ça. Est-ce que mon désir de plaire à tout prix vient de toute cette propagande de beauté, de sexualisation? Est-ce que mon désir d’être comme tout le monde vient de toute cette censure et toutes ces fausses-magnifiques-vies-sans-défauts des comptes que je follow sur Insta? Est-ce que la pression que je ressens pour performer au travail vient de mes parents? De mon système d’éducation? Bref, tant de bonnes questions et pourtant aucune réponse. Je sais à peine qui je suis et je dois maintenant offrir mon raw talent et mon sourire pour me faire valoir aux yeux de mes pairs. Est-ce que je suis la seule à me sentir comme ça? Il paraît que la clé c’est de rester soi-même… Stay tunned pour la suite!
1 mois plus tard…
Je me suis rendue coûte que coûte, chaque jour, à mon nouvel emploi. Je n’ai pas callé malade une seule fois! J’ai ressenti une honte viscérale à certains moments, j’ai fait quelques erreurs professionnelles, j’ai agi weird, comme je le fais toujours. Mais you know what? J’pense que je m’en faisais pour rien! Les gens ont l’air de s’accoutumer à moi autant que je les apprivoise. Un jour mon père m’a dit (lol ça fait tellement une bonne introduction pour une bonne vieille légende québécoise) : « Tu crois que les gens pensent à toutes tes erreurs, tes faux-pas lorsqu’ils rentrent chez eux. Mais la vérité c’est qu’ils n’y accordent même pas une seule seconde! Ils vivent leurs vies et tu es la dernière chose à quoi ils pensent avant de se coucher ». Et c’est absolument vrai, la seule personne qui rumine négativement, c’est moi. Dès que j’ai pu mettre ça au clair dans mon esprit, mes journées sont devenues plus légères et agréables. Je me suis même lâchée lousse avec mes collègues quelques fois.
Il faut se laisser une chance, tout le monde passe par là. Pis si tu fais ton absolute best, les gens seront plus compréhensifs que tu le crois. Pis quand tu y penses, la vie là, c’est bien plus qu’une job! Faque, fais-toi confiance un peu, go with the flow pis met du pep dans tes steps, tu vas voir tout tes petits bobos vont disparaître. Pis ça va bien aller!
Mystique
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