Illustration : Alice (@halissss)
J’ai jamais vraiment été complexée par ma vulve. À part peut-être de me demander si l’épilation était une méthode pour gérer mes poils qui allait plaire à mon chum, sweet fuckall. Je savais même pas que quelqu’un pouvait être complexé par la forme de sa vulve, parce que la mienne, ben elle ressemblait en crisse à toutes les vulves que j’avais vues, aka la seule présentée dans les manuels de science.
J’avoue que c’est uniquement quelques années plus tard, grâce à plusieurs artistes féministes qui avaient comme projet de montrer la diversité des vulves normales (parce que, oui, y’a un shitload de variétés), que j’ai catché que ma vulve aurait pu être crissement différente.
Sauf que j’ai jamais porté attention plus qu’il le fallait à cette partie-là de mon corps. Un peu comme si c’était pas une partie importante, qui servait pas à grand chose anyways. Je savais pas à quoi elle ressemblait dans un autre angle que debout devant un miroir, et disons que l’intérieur de ma vulve c’était un territoire assez inconnu. Pas mon vagin là. Genre, les lèvres externes, les lèvres internes, l’entrée du vagin, le clitoris, toute ce qui est externe et pas vraiment visible en position debout u know? Bref, ma perception de ma vulve se définissait pas mal juste par ce que mes partenaires sexuels en pensaient. J’avais jamais essayé de voir ma vulve sous un angle différent, même avec l’aide d’un miroir (même pas genre, en essayant de me mettre un tampon pour la première fois et encore moins lorsque j’ai mis ma diva cup pour la première fois). Genre, aucune curiosité de ma part. So far so good. On peut dire que je me crissais vraiment de ma vulve, tout comme j’me crisse pas mal de la température moyenne à Helsinki le 7 janvier. (Mais bon, j’avoue que tout comme pour ma vulve, je m’en crisse de moins en moins #fightingfortheclimatechange).
Pis y’a maintenant à peu près deux ans, j’ai commencé à avoir des douleurs vaginales lors de relations sexuelles avec pénétration. Je vous avais parlé de ça dans mon dernier texte, que j’allais aller chez la physiothérapeute pour faire la paix avec mon vagin. Well guess what? I went! Mais ce que je ne pensais pas faire aussi, c’était de faire la paix avec ma vulve.
Je vous explique. Je souffre de vestibulodynie, en gros une douleur (caractérisée par un picotement, une sensation de brûlure) à l’entrée du vagin lors d’une quelconque pénétration. Et, soyez rassuré.e.s, c’est complètement traitable. Mais pour ce faire, en plus d’aller chez la physiothérapeute plusieurs fois par mois, il faut faire des exercices à la maison. (Yes, un peu comme n’importe quelle blessure, jusque là, rien de trop trop choquant). Sauf que lesdits exercices se font avec un dilatateur.
Ça mange quoi ça en hiver, un dilatateur?
On pourrait résumer ça comme une poignée à laquelle tu peux accrocher des « dildos » de différentes grandeurs. Un peu comme des poupées russes (du plus petit au plus grand). Et donc, pour venir détendre les muscles du vagin, il faut s’insérer le dilatateur dans le vagin (en commençant bien évidemment par la plus petite taille), en faisant des mouvements spécifiques afin d’aider les muscles à se rééduquer et therefore, a pu avouère mal. Ouf.
Donc voilà, comme le dilatateur me faisait un peu peur, je me suis couchée sur mon lit, face à mon miroir. J’ai mis une pile de coussins sous mon bassin pour pouvoir voir avec clarté ma vulve. Comme ça, j’avais un peu moins peur du dilatateur, parce que je me sentais en contrôle de la situation. À bien y réfléchir, c’est peut-être une des raison pour lesquelles c’est toujours un peu stressant une pénétration lors d’un rapport sexuel : t’as pas le contrôle sur comment tu vas te faire pénétrer, t’as pas non plus de visuel pour te rassurer. Bref, il faut avoir assez confiance en l’autre personne. Fin de la parenthèse et retour au miroir.
Et pour vrai, quel feeling d’empowerment. J’ai vu ma vulve sous cet angle pour la première fois de ma vie. En détails, sous l’angle que tous mes partenaires sexuels ont eu la chance d’observer avant moi. Je pouvais voir la forme de mes lèvres, leur couleur. Je voyais enfin où se situait le don’-« difficile-à-trouver »-clitoris et à quoi il ressemblait (de l’extérieur, parce que le clitoris est un organe interne aussi hein, ne l’oublions pas!). Et alors que j’approchais doucement le dilatateur de l’entrée de mon vagin, j’avais une sorte de confiance en moi, et surtout en le fait que je comprenais mieux mon corps. Et de voir pour la première fois quelque chose entrer dans mon vagin, de le ressentir (un peu douloureusement, en raison de ma vestibulodynie) et de voir comment mon vagin et ma vulve réagissaient à la pénétration, ça m’a comme rassurée, détendue.
Un peu comme quand je faisais de la gymnastique, et que je faisais un mouvement, mais que j’avais pas l’impression de le faire correctement. Pis si je me filmais en train de le faire, je voyais bien que mon exécution était parfaite, pis ça me rassurait sur mes capacités de gymnaste.
Sauf que je peux pas croire que ça m’a pris 23 ans avant d’arriver à me rassurer à 100 % sur l’apparence de ma vulve, sur son fonctionnement, mais surtout à m’y intéresser genre genuinely. D’« oser » me regarder, sans que ça soit motivé par personne d’autre que moi-même. Genre, considérer ma vulve autant que mon visage mettons. Pis en écrivant ces lignes, je peux pas m’empêcher de penser que je suis en train de poser un geste révolutionnaire parce que je parle de ma noune. Hopefully, dans quelques années, ça sera aussi normal que de parler de la dernière saison de Game of thrones.
Peace out,
Médusa
Médusa, étudiante en communication, dont les propos peuvent parfois être venimeux, n’a pas la langue dans sa poche. Provocante et animée par la sexualité, elle débat pour déconstruire l’image de la pute, de la vierge et de la mère.
Pour lire le dernier article de Médusa – Peine d’amour, une sorte de deuil? – c’est ici!
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