Illustration : Layloo (@mycrazycolouredmind)
Jour 1 : l’incrédulité, ou le j’arrive pas à y croire!
Normalement, j’aurais dû commencer à être menstruée à m’ment d’né durant la fin de semaine. Mais j’ai jamais été ben ben régulière, faque c’est pas une science exacte mon affaire. J’avais donc calculé samedi-plus-ou-moins-trois-jours. Et là, je vous rassure tout de suite, le moment exact du déclenchement de mes menstruations ne m’obsède pas autant à tous les mois (une chance!), c’est juste que là, ce mois là, la possibilité que je sois enceinte était ben ben réelle, faque ça me trottait sérieusement dans la tête. Mais comme j’étais sur la route pour le travail pour toute la semaine, pis que je voulais essayer d’éviter de me faire des espoirs pour ensuite être déçue en apprenant que j’étais pas enceinte pour vrai, je m’étais « interdit » d’y penser et de me poser des questions jusqu’à mardi. Parce que jusque-là ça pouvait être tout à fait normal que je sois pas encore menstruée.
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En gros, à l’hiver et au printemps dernier, ma vision de la famille et du couple a beaucoup évoluée, jusqu’à ce que je me dise que j’avais pas nécessairement besoin d’être en couple pour les mettre aux monde les futur.e.s enfants que j’avais tant envie d’élever (voir mon autre texte sur le sujet pour plus de détails). Bref, je vous sauve les détails, mais en gros, ma conclusion c’était que je voulais pas me mettre de pression pour que ça arrive vite, mais que si l’occasion d’essayer se présentait à moi – un géniteur prêt à me partager ses gènes merveilleux, une personne incroyable avec qui faire du co-parenting, une gang qui voudrait vivre en communauté et y élever des enfants plutôt que dans des familles fermées, name it! – je voulais pas la laisser passer. Si je rencontrais une personne productrice de spermatozoïdes avec qui j’aurais envie de faire du co-parenting, ou au moins de qui je me dirais crime que ça ferait un bon mix de gènes!, je voulais au moins en parler, proposer, essayer. Pis, évidemment, parce que c’est toujours comme ça quand t’arrêtes de chercher pis que tu laisses juste les choses arriver, l’occasion s’est présentée.
J’ai rencontré V au mois d’avril. On est rapidement devenu.e.s très proches lui et moi. On a développé une forte amitié. On avait régulièrement des longues discussions sur tout et rien. On était ultra complices et on pouvait – et voulait! – se parler de tout. Après quelques jours à peine, il était déjà au courant de ben des affaires que j’ai pas souvent raconté à d’autres dans ma vie. Faque après quelques semaines à construire notre magnifique relation, à un moment donné, autour d’une bière sur une terrasse, j’ai décidé de lui parler de mon idée de faire des enfants, sans nécessairement être en couple. J’avais peur qu’il me prenne pour une folle, mais au contraire il a trouvé mon idée de co-parenting intéressante. Assez intéressante pour qu’on en discute pendant des heures. Assez intéressante pour qu’on en discute vraiment en profondeur et qu’on aborde plein d’aspects super techniques et concrets – de sa reconnaissance officielle ou non de la paternité, à la façon de gérer les divergences d’opinions sur les méthodes d’éducation, en passant par les risques de transmission d’ITSS si on arrêtait de se protéger pis par sa place concrète dans la vie de cet hypothétique enfant, considérant qu’on n’habiterait pas dans le même pays lui et moi – pis qu’on décide, comme conclusion à cette longue conversation, de tenter notre chance.
Notre vie et notre relation ont continué comme avant. On a continué à discuter pendant des heures et à faire l’amour deux fois par jour. Sauf qu’on était encore plus complices qu’avant, pis que notre budget condoms venait de diminuer drastiquement! Quelques semaines ont passé, j’ai été menstruée. Je n’étais pas tombée enceinte, mais j’étais tombée amoureuse, et c’était réciproque. Et ça changeait drastiquement la donne.
C’est difficile à expliquer, et c’est probablement difficile à comprendre, mais ça compliquait vraiment les choses. On se disait que ça aurait été bien plus simple d’élever un.e enfant en tant qu’ami.e.s qu’en tant qu’amoureux.se. Mais en même temps, on n’arrivait pas à se résoudre à recommencer à utiliser des condoms, parce qu’on va se le dire, c’est quand même vraiment pas pareil! Faque disons qu’à partir de ce moment-là, on a pu vraiment rien fait pour – d’ailleurs on a fait l’amour une seule fois pendant ma période d’ovulation ce mois-là #efficace – mais on n’a rien fait contre non plus.
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Faque. J’avais fait l’amour sans protection plusieurs fois dans les dernières semaines et j’avais quelques jours de retard sur mon cycle menstruel. J’avais bien réussi, jusqu’à la veille, le mardi, à respecter l’interdit-d’y-penser. Mais là on était rendu mercredi, pis toujours pas de tache rouge dans mes culottes, faque j’y pensais. Pis pas juste un peu là, j’y pensais en tabarnak.
Donc, sur mon heure de dîner, une fois que j’ai eu fini de manger, comme il me restait encore 30 minutes avant de recommencer à travailler, je me suis précipitée à la pharmacie, pis je suis ensuite remontée à mon appart, qui était juste au coin de la rue, pour faire pipi sur le fameux bâton. J’ai mis une minuterie sur mon cell et j’ai attendu les trois minutes réglementaires en étant tout ce qu’il y a de moins calme.
Bidi-bidi. Bidi-bidi. Trois minutes. C’était le moment de regarder.
2 barres. OH. MY. GOD. ……….. Mais attends… la deuxième barre est ben ben pâle, ça se pourrait tu que le test soit pas vraiment positif…
Je devais être de retour au travail dix minutes plus tard, à huit minutes de marche de mon appart, pas le temps de faire un autre test, merde! Faque j’ai pitché le bâton dans mon sac et je suis repartie illico pour la pharmacie. J’avais besoin d’un avis externe, j’arrivais pas à croire que je pouvais être enceinte. J’ai donc traversé la pharmacie en trombe et j’ai hameçonné la pharmacienne en lui tendant frénétiquement mon ti-bâton, au bord de la panique : je viens de faire ce test-là, il y a genre 2 minutes, mais là, je trouve la barre ben pâle, faque je suis pas sûre, il est tu positif?!?
Euh, oui, il est positif, pas de doute.
Silence et face atterrée de ma part.
Est-ce que c’est une bonne nouvelle? (Et là, j’aimerais féliciter la réaction de cette pharmacienne de ne pas assumer que c’était soit une bonne ou une mauvaise nouvelle et de plutôt me poser la question!)
Euh… ben, euh… j’imagine que oui… (Ouain, pas ben ben convaincante la fille!)
Ben félicitations alors!
Euh… merci.
Et là je suis ressortie dans la rue, paniquée, estomaquée, incapable de croire que ça pouvait être vraiment vrai. Il ne me restait plus que quatre minutes avant mon rendez-vous avec mon groupe, fuck, je vais être en retard. S’en est suivi alors environ cinq minutes de moi qui hyperventilais à cause du stress en essayant de marcher le plus vite possible au travers des 12 000 touristes qui inondent souvent les petites rues du Vieux-Québec. Mais une fois arrivée au Château Frontenac, j’ai remis mon masque de tout-va-bien : bonjour groupe! Vous avez bien mangé?!
Un peu plus tard cette après-midi-là, installée dans un café pour réfléchir alors que j’avais un peu de temps libre, j’ai passé 45 minutes à fixer le vide devant moi, voyant à peine ce qui se passait de l’autre côté de la fenêtre, sans toucher au thé ni au macaron que j’avais commandés, submergée par mes réflexions.
J’arrive pas à croire que je suis enceinte. J’aurais jamais cru que ça arriverait aussi vite! Qu’est-ce que je vais faire? Faut que je le dise à V, c’est quand même lui le père. Oh shit, est-ce que je vais pouvoir faire toute mon année à l’université pis obtenir mon bacc ou est-ce que je vais devoir m’arrêter après la session d’automne pis reprendre l’année d’après? Je devrais peut-être faire un deuxième test, tsé d’un coup que celui-là était défectueux ou quelque chose… Mais merde, pourquoi j’arrive pas à me réjouir, c’est exactement ce que je voulais?! Ah, mais je crois qu’il n’a pas de réseau ni d’internet cette semaine, il ne recevra peut-être même pas mon message, merde, j’aurais vraiment eu besoin de lui parler! Non mais sérieux, j’y crois pas, ça peut pas être vrai! Attends, si là on est en juin, ça veut dire, plus neuf mois, genre, euh… mars. Ouais ok, d’accord, je vais faire ça, je vais refaire un autre test demain ou après-demain, si je suis toujours pas menstruée d’ici là, tsé, parce que ça doit être une erreur, de toute façon je me sens pas enceinte, j’ai même pas mal au coeur. Mais en même temps, c’est clair que ça va le faire paniquer, pis je sais qu’il est déjà pas mal stressé en ce moment, peut-être que je devrais attendre… Ah fuck, mars, c’est en plein milieu de la session d’hiver, merde! Ouain, mais en même temps, moi aussi ça me stresse, pis je l’ai pas fait toute seule cet embryon-là, j’ai le droit de chercher du support auprès de lui! Aaaaarggggg, mais qu’est-ce que je vais faire?! Ah, fuck, ben pour l’instant, retourner au travail avant de me mettre encore en retard, le reste je dealerai avec plus tard…
Même si c’était ce que je voulais, de tomber enceinte, j’étais paniquée, parce qu’on dirait que j’avais pas cru possible que ça fonctionne, surtout pas aussi vite! Pour une raison que j’ignore, j’avais toujours eu le sentiment que j’allais avoir du mal à tomber enceinte le jour où j’essaierais. Sauf que là, bon, j’avais du mal à l’admettre, mais j’étais enceinte. Et j’étais tellement paniquée, et sous le choc, que je n’arrivais pas à me réjouir, alors que c’était ce que je voulais. Je me sentais super mal, j’avais incroyablement peur d’avoir fait une grosse erreur.
Jour 2 : la panique, ou le mais qu’est-ce que je vais faire?!
Je me suis réveillée le jeudi matin et j’avais réussi à passer par-dessus l’espèce de déni auquel je m’étais accroché la veille. J’en ai fait appel à mon esprit rationnel et scientifique. Les faits étaient là. Les tests de grossesse sont super fiables – j’ai même appris pourquoi dans un cours il y a quelques années – et la pharmacienne était catégorique. J’étais enceinte, ça servait à rien de le nier. Mais ça ne m’empêchait pas d’être en full out panique. Sauf que j’avais pas trop le temps de réfléchir à tout ça, ma journée de travail allait commencer.
Je suis quand même arrivée, au travers de la matinée, à échanger quelques textos avec V. J’avais finalement décidé de lui écrire la veille au soir, avant de me coucher, parce que 1. il avait le droit de le savoir et 2. j’avais le droit de chercher du soutien auprès de lui. J’avais une réponse de sa part, remplie de panique, qui m’attendait à mon réveil.
Considérant l’océan et les 6h de décalage horaire qui nous séparaient nouvellement, depuis environ une semaine, nos messages étaient souvent en décalé pis les appels téléphoniques difficiles à squeezer dans nos horaires. Mais, le sentiment d’urgence aidant probablement, on a miraculeusement trouvé un moment cette après-midi-là pour s’appeler et avoir une longue discussion. À la fin, le bouton panique toujours ben collé, autant pour lui que pour moi, on ne savait pas trop quoi penser de la situation, ni quoi faire. Mais au moins on s’était parlé.e.s et on s’était dit qu’on s’aimait. Pour la suite, on y penserait chacun.e de notre côté pour quelques jours, pendant qu’il allait être je-ne-sais-où mais à un endroit où y’a ni réseau ni internet, et on s’en reparlerait la semaine suivante.
Et juste avant de raccrocher, il a ajouté : j’me doute que ça sera pas ça ton choix, te connaissant, mais je veux juste que tu gardes en tête que t’es pas obligée de le garder, tu peux toujours te tourner vers l’avortement au besoin. C’est ton corps, c’est ton choix, et moi je ne t’en voudrai pas et je vais être là, peu importe ce que tu décides.
Wow. Ça faisait du bien à entendre. Je ne pensais pas vouloir me faire avorter, même si j’avais encore besoin de temps pour digérer la nouvelle, mais juste de me rappeler que c’était une option, c’était tellement rassurant. De savoir que je n’avais pas à être prisonnière de mon corps, ça me libérait au moins d’un stress. Je me dis que j’ai de la chance d’avoir accès à ce service, et j’avais aussi la chance d’avoir un copain compréhensif qui me soutenait. J’ose même pas imaginer la réalité des personnes enceintes qui n’ont pas ces chances, je ne sais pas comment elles font pour passer au travers!
Jour 3 : le déclic, ou le ok, ça va, je vais m’en sortir finalement
Le vendredi, je suis (enfin!) rentrée du travail et j’ai passé de longues heures, toute seule, au nouvel appartement de mes parents, à attendre le passage des livreurs d’électro et de l’installateur d’internet. J’étais là, dans le salon vide, sans meubles, sans accès wi-fi, avec mes données du mois déjà bustées et uniquement un super mauvais livre avec moi. Alors je me suis résignée à regarder en face la panique qui me faisait monter immanquablement les larmes aux yeux depuis 2 jours.
J’ai fait jouer le soundtrack de Mamma Mia 2 et je me suis étendue par terre. Pour la première fois depuis que j’avais appris la nouvelle, c’était juste moi et mes pensées, enfin. Je pouvais enfin penser réellement à ce qui se passait dans mon corps, dans mon coeur, dans ma tête et laisser monter les émotions sans chercher à les contrôler ou à les camoufler. J’ai pris de grandes respirations et je me suis laissée emporter par la tempête pour voir où elle me mènerait.
Au fil des chanson, j’ai pleuré, chanté, hyperventilé, fredonné avec l’esprit ailleurs, crié, et pleuré encore. Pis est venu la toune (spoiler alert) dans laquelle elle parle au bébé qui grandit dans son ventre pour lui dire qu’elle l’attend et qu’elle l’aime déjà. Là, j’en pouvais pu, j’ai toutte laisser sortir. Je pleurais tellement que j’avais du mal à entendre la musique. La toune a fini. Je l’ai remise. Replay. Sauf que cette fois-ci, j’avais presque séché mes larmes et je fredonnais les paroles au travers de mes sanglots. Au fur et à mesure des couplets, je me sentais devenir tranquillement plus calme, posée, en confiance.
À la fin de la dernière note de la dernière chanson de l’album, j’avais réussi à me rappeler et à me convaincre que c’était ce que je voulais et que c’était une bonne nouvelle. Une nouvelle paniquante, oui, mais une bonne nouvelle. Pis que ça avait beau être plus compliqué que prévu la situation avec V depuis qu’on était en couple, en relation à distance qui plus est, mais que j’étais en masse capable de m’en sortir.
Jours 4 et 5 : le secret, ou le non, merci, je prendrai pas de bière ce soir, j’ai un peu mal à la tête…
Le samedi, j’aidais mes parents à déménager, et le dimanche ce sont elleux qui sont venu.e.s m’aider avec mon déménagement. Mettons que c’était clairement pas le bon moment pour leur dire. Tsé, genre, en train de monter une bibliothèque dans les escaliers, quoi de neuf? Ah, euh, ben je suis enceinte. Oui, oui, de mon copain qui est maintenant de retour chez lui, à 6000km d’ici. Un peu bof comme annonce. Ça aurait été un plan pour briser des meubles ou se blesser sous le coup de la surprise. Mais ça me faisait tellement bizarre de garder ça pour moi, de ne pas pouvoir leur dire. J’avais envie et besoin d’en parler avec quelqu’un, mais pour l’instant, mon copain était injoignable et la seule personne sur ce continent à être au courant, à part moi, c’était la pharmacienne!
Jour 6 : l’annonce, ou le j’ai quelque chose de vraiment intense à vous raconter…
Le lundi, dans la journée, j’en pouvais pu, j’avais besoin de le dire, de pas être toute seule avec mon secret, et je l’ai annoncé à deux de mes amies proches, qui étaient chez moi pour m’aider à défaire mes boites. Ça les a surprises un peu au début, mais en même temps pas trop, vu qu’elles étaient déjà au courant de mes envies de famille, même sans partenaire. On en a discuté les trois ensemble, sur une terrasse avec un verre de thé glacé (fini l’alcool pour moi pour un petit moment). On rêvait à trois, à imaginer comment ça se passerait dans les prochains mois, et comment ça serait l’année suivante, quand le bébé serait là. J’étais enfin bien avec la nouvelle, et j’avais hâte à la suite, au lieu d’en avoir seulement peur.
Pis le soir, je suis allée souper chez mes parents. Coïncidence, ma soeur était là aussi, alors j’en ai profité pour leur annoncer aux trois. Le moment de surprise et d’incrédulité a duré un peu plus longtemps qu’avec mes amies en après-midi, mais globalement, un fois le choc de l’annonce passé, tout le monde trouvait que c’était une super belle nouvelle. Ma soeur me posait tout plein de questions sur comment je me sentais et comment j’imaginais la suite, pis la discussion a rapidement pris la même tournure que celle que j’avais eu plus tôt dans la journée, et on s’est mis.e.s à rêver à quatre.
Jours 7, 8 et 9 : le début de la fin ou le c’est tu normal ces petites pertes de sang dans mes culottes
Pendant les quelques jours qui ont suivi, je me suis finalement faite à l’idée. J’ai eu un rendez-vous avec ma thérapeute, qui m’a aidé à digérer la nouvelle et à accepter le fait que j’avais le droit d’avoir peur et de paniquer et que ça ne faisait pas de moi une mauvaise personne de ne pas être 100% excitée à l’idée d’être enceinte. Que c’était correct et normal que j’aie des doutes et des appréhensions.
J’ai aussi commencé à me renseigner et à me « préparer ». J’ai épluché le dossier Grossesse de Passeport Santé. J’ai donc pu apprendre que l’embryon qui venait de s’implanter dans mon utérus avait déjà un coeur et que le cordon ombilical nous reliait déjà, oh my, c’est rapide! Je suis passée à la bibliothèque pour emprunter des livres sur le développement embryonnaire et foetal et sur l’alimentation et l’exercice physique durant la grossesse. J’ai même trouvé un livre féministe sur la question (c’était clairement mon pref!)! Je suis passée à la pharmacie pour acheter les multi-vitamines de grossesse que j’ai commencé à prendre religieusement tous les matins. J’ai appelé au CLSC de mon quartier et à la maison de naissance de Québec pour prendre rendez-vous pour mon suivi de grossesse.
Je faisais tout ça, et plus ça allait, plus je me sentais bien par rapport au petit moustique qui grandissait dans mon ventre. J’avais même commencé à lui parler. Dans ma tête avec seulement une main discrètement posée sur mon bas ventre lorsqu’il y avait des gens autour, ou carrément à voix haute lorsque j’étais seule chez moi.
Alors quand j’ai découvert une petite tache de sang brun dans mes culottes le mercredi soir, j’ai eu un petit stress. Je suis retournée consulter mes livres et j’ai réouvert Passeport Santé pour apprendre que ouf, pas besoin de stresser finalement, c’est apparemment tout à fait normal au début les petites pertes de sang. Fiou.
Sauf que le jeudi soir, en allant me coucher, les micro-pertes brunatres des dernières 24h étaient maintenant rendues des pertes de sang rouge clair, accompagnées de légères crampes. Pis ça, j’avais pas besoin de retourner voir sur Internet pour comprendre que c’était un peu moins normal.
Faque j’ai enfilé ma culotte menstruelle avant d’aller au lit et je me suis couchée, sans oser dire ce qui se passait à mes amies qui étaient de retour chez moi. Pis là, une main sur le ventre, j’ai parlé à mon petit moustique, probablement pour la dernière fois. Je lui ai dit que je l’aimais déjà et que je préfèrerais qu’iel s’accroche, mais que s’iel pensait qu’iel devait partir, je lui faisais confiance et que j’accepterais la situation, même si ça me ferait de la peine.
J’ai été réveillée au milieu de la nuit par la douleur des pires crampes menstruelles de ma vie. Pas que la douleur physique était pire que d’habitude, mais parce que cette fois-ci mon corps expulsait aussi un embryon auquel j’avais commencé à m’attacher. Je suis allée aux toilettes, j’ai constaté que les saignements avaient encore augmentés pour être rendus de calibre menstruel, j’ai pris deux tylenols pour m’aider à ignorer la douleur physique, je me suis rincé le visage à l’eau froide, pis je suis retournée m’étendre dans mon lit. J’ai pleuré en silence pour ne pas réveiller mes amies, avant de finalement me rendormir. Le lendemain matin, première heure, on est allées à l’hôpital les trois ensemble. J’étais en train de faire une fausse couche.
Faque c’est comme ça que s’est éteint, du moins pour cette fois-ci, mon rêve de famille qui était en train de se réaliser.
Triste,
Padmé
Étudiante en physio, Padmé écrit pour se vider la tête et faire avancer ses réflexions. Drivée par les questions de genre, elle refuse de se faire enfermer dans une image stéréotypée de la femme. La preuve, il n’est pas rare de la trouver les deux mains dans la graisse de vélo en train de chanter du Céline Dion à tue-tête.
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