Illustration : Alice (@halissss)
Le véritable orgasme, ça vous dit quelque chose? Pas l’orgasme produit grâce à une stimulation de la partie externe du clitoris là. Non, non non. Le grandiose, l’incroyable, l’orgasme avec un grand O.
Moi j’me souviens avoir appris cette « différence » là, emmitouflée dans des couvertures, en mangeant des gummy Bears dans ce qui était à l’époque un classique party pyjama de filles. C’était Christelle, la plus « informée » d’entre nous, qui nous l’avait appris. Il y avait apparemment deux types d’orgasmes : le clitoridien et le vaginal. Et bien évidemment, le plus noble des deux, ou disons le plus recherché, était le vaginal. Selon les dires de Christelle, il était plus puissant que l’orgasme « clitoridien » puisqu’il était provoqué uniquement grâce à la pénétration. Mais attention, il était également plus difficile à obtenir.
Idée naïve, me direz-vous. Idée naïve qui m’a été transmise par la suite par une professeure d’éthique et culture religieuse, idée répétée au cours de mon adolescence, bref idée qui a fini par se transformer en vérité pour moi. Et qui a tellement eu d’impact dans ma vie après.
Par exemple, En secondaire 4 ou 5, lorsque je me masturbais, je stimulais uniquement la partie externe de mon clitoris. Et quelque part au fond de moi, j’avais honte. Je me touchais, mais je ne voulais pas aller jusqu’à l’orgasme. J’me disais non, t’as pas le droit à ça. Comme si le fait de ne pas user de pénétration équivalait à tricher.
Pis après un certain moment, j’en ai fini avec ce blocage (masturbatoire) et j’ai vécu des orgasmes par moi-même. Des orgasmes « clitoridiens ». Et si c’était une sensation agréable, je pouvais pas croire que le monde virait à l’envers pour CE feeling-là uniquement. I mean, dans les films, les filles elles crient, elles soupirent abondamment, elles semblent être à la merci de leur partenaire. Il était donc clair pour moi à cette époque qu’il était IMPOSSIBLE que je sois tombée sur le « véritable » orgasme.
Pis à un moment donné, j’ai commencé à avoir des relations sexuelles avec un gars,Tristan. C’était comme pas mal la première fois que j’avais du sexe avec quelqu’un de manière aussi fréquente. Genre, plusieurs fois par semaine.
N’en reste pas moins qu’on essayait de me faire atteindre l’orgasme, celui avec un grand O. Naïvement j’ai toujours pensé que les relations sexuelles impliquaient, oui des préliminaires, et après une pénétration. Pis lors de la pénétration, jamais l’idée de toucher à mon clitoris ne m’avait traversé l’esprit. Et donc, lors de nos relations sexuelles, on n’arrivait tout simplement pas à me donner d’orgasme. Et nous le vivions tous les deux comme un grand échec.
C’est grâce à un des amis de Tristan, Félix, paix à son âme, qu’on a réussi à faire en sorte que moi aussi je jouisse durant la relation. Félix avait demandé à Tristan si je touchais mon clitoris (ou du moins la partie externe de celui-ci), lorsqu’il y avait pénétration. La réponse étant négative, il avait expliqué à mon copain que c’était généralement plus agréable pour une fille quand elle se stimulait le clitoris durant la pénétration.
BOUM. Révolution de notre vie sexuelle. J’avais un taux d’orgasme d’environ 95%. (J’enlève 5% pour les fois où j’étais trop saoule pour jouir ou juste les fois où je perdais mon orgasme à force de me retenir). C’était globalement un esti de bon taux!
Sauf que j’étais toujours hantée par ce câlisse de sentiment-là que je n’avais toujours pas atteint le Vrai Orgasme. Celui qui te chavire par en dedans, qui te fait grimper à la lune, qui te fait voir des étoiles, bref, celui qui n’est déclenché que par la pénétration.
Et là vous vous demandez sûrement si j’ai réussi à atteindre l’orgasme avec un grand O? Pas avec ce partenaire-là et pas avec tous les autres non plus. Ou du moins, je n’ai pas réussi à obtenir d’orgasmes « vaginaux ». Pourquoi? Tout simplement parce qu’ils n’existent pas.
Tous les orgasmes sont en fait le résultat d’une stimulation du clitoris. Que ce soit de sa partie externe (celle qui est généralement bien illustrée dans les manuels de science) ou de sa partie interne (presque jamais illustrée dans les manuels de science) qui dans les faits se retrouve à courir le long des parois vaginales.
Ça fait que peu importe que l’orgasme soit obtenu uniquement grâce à une pénétration ou simplement grâce à une stimulation externe du clitoris ou grâce à un heureux mélange des deux, ça reste un orgasme provoqué par le seul et unique clitoris.
Et quand à savoir si j’ai obtenu un orgasme avec un grand O, celui qui rend les gens fous, la réponse est oui. Et entre vous et moi, le secret, à mes yeux, c’est pas tant le type de stimulation que t’utilises pour l’obtenir ton orgasme, mais plutôt la façon dont tu te laisses aller, dont tu abandonnes tes pensées malsaines par rapport à ton corps, dont tu arrives à profiter du moment présent avec ton ou ta partenaire.
Médusa
Médusa, étudiante en communication, dont les propos peuvent parfois être venimeux, n’a pas la langue dans sa poche. Provocante et animée par la sexualité, elle débat pour déconstruire l’image de la pute, de la vierge et de la mère.
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