Illustration : Alice (@halissss)
J’ai eu deux longues périodes de célibat : vers 18-20 ans et vers 25 ans. Dans la première, je me cherchais, on ne parlait pas encore de consentement et pour dire franchement, mon éducation sexuelle était sérieusement lacunaire. Bref, mes expériences sexuelles et mes fréquentations étaient plus que décevantes. Dans la deuxième, je retrouvais ma libido après une rupture difficile et je me suis lancée dans les applications de rencontre… avec aucune envie d’avoir une relation sérieuse. Cette période m’a permis d’explorer, de m’épanouir dans ma sexualité, d’avoir du fun, de me sentir respectée et… j’ai finalement, sans le vouloir, rencontré l’amour (même si ce n’était pas mon but du tout!). Je veux donc vous partager mon guide de la salope, aka mon petit guide pour avoir des fréquentations saines ou tout ce que j’aurais voulu savoir à 18 ans, dans ma première période « salope »**.
**Petite précision : ici, j’utilise le terme salope, parce qu’on m’a souvent insulté avec ce mot, ce qu’on appelle du slutshaming. Je veux insister sur le fait qu’avoir plusieurs partenaires sexuels ne fait pas de toi une travailleuse du sexe et qu’être une travailleuse du sexe n’est pas une insulte. Se réapproprier les mots, c’est une démarche féministe, ce n’est pas pour rien que ce blogue s’appelle Les Péripatéticiennes!
1. Apprendre à se connaître
Afin d’explorer son côté salope, il faut d’abord être très en contact avec ses envies et ses sentiments. S’affirmer salope n’est pas nécessairement pour tout le monde et ce guide s’adresse à celleux qui veulent se libérer des types de relations valorisées par la société pour aller ailleurs, pour un temps ou pour toujours. Il faut donc déterminer ses limites dès le départ : ce que je veux, ce que je me permets, ce que je permets à l’autre, etc. Et les revisiter le plus souvent possible. Par contre, pas de règles sans queue ni tête comme les « trois jours avant de rappeler » des films pour ados des années 2000 ou la « troisième date pour baiser »! On veut se libérer des carcans de la société normative!
2. Le respect, c’est primordial
Une fois ses propres limites établies, il faut être clair.e avec l’autre personne et la laisser exprimer ses propres limites. Oui, dès la première date. Si je voyais que ça cliquait assez, je le disais ouvertement : je ne cherche rien de spécial, j’y vais au feeling et je suis directe si ça change. Après, c’est arrivé que l’autre ne veuille pas l’entendre et me le reproche par la suite… vous savez quel mot iels ont utilisé? Eh oui! SALOPE.
3. Se retirer au premier accrochage
Se respecter et s’écouter permet d’éviter les mauvaises rencontres. Dès que je sentais un petit red flag, je quittais. Iel insinue que nous aurons des relations sexuelles même si je lui dis que je le feel pas ce soir? OUT! Iel a des propos inappropriés et n’écoute pas mon opinion? OUT! Même si le sexe était bon ou que la personne était bien gentille le reste du temps. Pas de deuxième chance avec moi.
4. La loi du moindre effort
Pour bien profiter de cette période sans me casser la tête, j’y allais avec la loi du moindre effort. Je laissais les autres m’écrire en premier, venir me chercher, me faire à manger, etc. Oui, ça fonctionne : l’autre veut séduire, veut du sexe aussi. Et moi, je voulais des gens qui me worshippent, qui désirent mon corps. Comme disait Molly-Margaret, une ex-instagrameuse, i’m the prize. Je ne suis pas ingrate ou hautaine, pas du tout : si ça m’adonnait ou si j’en avais envie, je faisais les premiers pas. Mais je ne me cassais pas la tête avec quelqu’un qui me ghostait ou me chokait. Tu veux pas me voir? Bah, au suivant / à la suivante!
5. Explorer en dehors de sa zone de confort
Un bon moyen de s’assurer de ne pas se laisser emporter par des sentiments alors qu’on veut rester célibataire, c’est de ne pas dater des gens de son style habituel. Ça peut être quelqu’un.e de plus vieux.vieille et expérimenté.e (attention aux rapports de pouvoir tout de même); un différent style de sexe (le BDSM, pourquoi pas?) ou des gens avec un background différent. En tant que femme blanche ayant grandie en banlieue, mon entourage n’est pas très diversifié. Avec les applications, j’ai pu rencontrer des gens de partout et, sans tomber dans le piège de la fétichisation en ciblant spécifiquement un type de personne, j’ai challengé ma zone de confort en rencontrant des personnes qui s’éloignent de mes cercles habituels. J’ai aussi daté des gens avec qui je ne me verrais jamais en couple, mais qui m’attiraient sexuellement. Un peu de tout! Au final, on ne passe que quelques heures par semaine avec elleux, iels peuvent être imparfait.e.s, mais nous apporter beaucoup de plaisir!
6. Prioriser son propre plaisir
Je fréquente pour mon propre plaisir! Oui, c’est le fun d’en donner aussi, mais il ne faut jamais s’oublier! Je l’exigeais, sinon OUT! Des études montrent clairement que le plaisir masculin est priorisé dans les relations sexuelles hétéros. C’est le temps de changer ça! Pendant ma période salope, j’ai eu les meilleurs orgasmes et même des éjaculations! Je suis sortie avec des personnes qui adulaient mon corps et voulaient me faire jouir sans que j’aie à demander ou faire quoi que ce soit. Et puis, comme je connais mon corps, je les dirigeais!
7. Acheter des jouets sexuels
Il est beaucoup plus facile de respecter ses limites et de dire non à un plan sketchy si on peut se donner du plaisir et/ou des orgasmes sans effort dans son propre lit en quelques minutes. Je me déplaçais si je feelais vraiment l’autre, rien de moins!
8. Se laisser surprendre
Si je me sentais en sécurité et respectée, je me laissais surprendre! Un ami est devenu un fuck friend pendant un été et ce fût la relation la plus saine : aucun drama et beaucoup de plaisir autant dans le fuck que dans le friend. Une soirée délirante à Paris m’a permis d’affirmer ma bisexualité. Et puis, par hasard, j’ai rencontré mon amoureux à travers tout ça… ; ) Ce n’était pas du tout mon but et j’aurais pu étirer cette période bien plus longtemps parce que c’était le fun!
Ces petites « règles » m’ont permis à la fois de m’épanouir dans ma vie sexuelle portée par ma libido renouvelée et d’explorer des relations saines différentes de l’hétéronormativité monogame. Si le mot salope me laisse encore un goût amer, je tente de me l’approprier et de mettre à la poubelle le sentiment de honte qui y est associé. Fuck le slutshaming, vive le sexe libre!
Triss Merigold
Historienne, archiviste, militante, fière féministe frustrée et poilue, et sorcière à ses heures, Triss Merigold replonge dans l’écriture avec douceur. Elle rêve de devenir la prochaine autrice de romans historiques québécois à succès. Toujours prête à écouter ses ami.e.s et sa famille avec une tasse de thé à la main et une couverte sur les genoux, elle se qualifie de matante accomplie.
Pour lire le dernier article de Triss Merigold – Mes ex me quittent pour mes amies – c’est ici!
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