Illustration : Garance (@garancebb)
Ah… le bal des finissant.e.s. Tellement d’attentes. Depuis la première année du secondaire on s’imagine déjà la robe qu’on va porter. On se demande qui nous accompagnera à cet événement charnière, comment seront coiffés nos cheveux, quels souliers nous enfilerons, qui s’assoira à notre table, avec qui nous prendrons un nombre démesuré de photos… Bref, tellement de critères à satisfaire. Pour ma part, je croyais que le bal des finissants allait être grandiose. Comme dans les films ou séries télévisées. Holy fucking shit. Quelle déception!
Oui, le bal des finissant.e.s fut une grande déception. D’abord il pleuvait cette journée-là (pas génial pour la prise de photo et les cheveux). Ensuite, encore aujourd’hui, je ne comprends pas pourquoi j’avais autant d’espérances pour une seule et unique soirée. Parce que, après tout, c’est juste un souper avec toustes les finissant.e.s dans un endroit chic, avec des gens bien habillé.e.s. Rien de plus. Tu es bien habillé.e, tu prends des photos avec tes ami.e.s, tu vas manger le souper. C’est tout! I mean une journée passée avec ma grand-mère* aurait été plus palpitante que la fameuse soirée du bal.
C’est drôle parce que je ne peux pas m’empêcher de comparer le bal des finissants à la première fois que j’ai fait l’amour. Fucking hell! Quel événement stressant! On te dit qu’il faut attendre le/la bon.ne, que ça va faire mal, qu’il faut se protéger, qu’il faut être prêt.e, etc. En plus de me demander si j’étais enfin prête à sacrifier ma sacro-sainte virginité à ce gars-là, je me posais toutes sortes de questions. Allait-il être en mesure de trouver le trou? Est-ce que j’allais aimer ça? Est-ce que j’allais saigner? Est-ce qu’il allait venir en dix secondes? Est-ce que tout le monde allait être au courant après? Est-ce qu’il allait continuer de m’aimer malgré tout? Est-ce qu’il allait me trouver attirante?
Étrangement, malgré ma non-expérience dans le domaine, j’avais une idée très précise de ce à quoi ma première fois devait ressembler. Je vous dresse le portrait vite fait. Dans une chambre avec un grand lit, des draps blancs soyeux, de la lumière du soleil qui baigne dans la pièce, des regards complices. On se déshabille lentement, lui qui s’extasie de mon corps, moi du sien, et soudainement hop! Il est en moi, nous ne sommes plus qu’un.e, nous faisons l’amour et nous nous aimons passionnément, uni.e.s en corps et en esprit pour la vie. Wow! Digne d’un film hollywoodien! Ça avait l’air merveilleux, right?
Alors, oui, une déception aussi grande que le bal des finissant.e.s. C’était dans ma chambre, chez mes parents. J’étais tellement gênée d’ouvrir mes jambes, lui d’y jeter un regard. On ne savait pas qu’un pénis ne rentrait pas aussi facilement qu’on le pense dans un vagin. On ne savait pas qu’on pouvait juste prendre son pénis avec nos mains pour le diriger vers mon vagin (ils ne montrent pas ça dans les films!). Alors ça n’a tout simplement pas fonctionné. Puis, quelques heures plus tard, tous les deux saoul.e.s et gelé.e.s, on a perdu toutes nos inhibitions. On a déballé le condom. Je l’ai enfilé sur son pénis et cette fois-ci je suis montée sur lui. C’était beaucoup plus facile pour gérer le niveau de douleur que j’étais capable de tolérer, parce que c’est moi qui contrôlais le degré de pénétration et la vitesse à laquelle elle était effectuée. Je me souviens d’avoir apprécié cette sensation nouvelle, celle de sentir quelqu’un d’autre à l’intérieur de moi, mais d’avoir pensé est-ce que c’est vraiment pour ça que j’ai angoissé? Est-ce que c’est vraiment pour cette sensation-là que les gens capotent?
Franchement, niveau romantisme de la scène, on pourrait repasser. Et je suis très loin de pouvoir qualifier l’événement de réussite. Sauf que, comme toutes les premières fois, c’était simplement une tentative. Alors il ne faut pas s’en faire! Il nous reste une vie entière pour expérimenter de nouvelles façons de faire, pour s’améliorer, pour changer de partenaire, pour tenter de nouvelles positions, pour réaliser nos fantasmes les plus fous, pour faire un (ou plusieurs) one-night stand, pour se masturber, pour écouter des films érotiques, pour (re) faire l’amour, pour atteindre l’orgasme, pour changer l’objet de nos désirs, etc. Bref, on a toute la vie pour découvrir notre sexualité.
Au fond, les premières fois, c’est rarement un succès.
Pis c’est juste pas grave.
Médusa
* Il faut dire que ma grand-mère est assez badass.
Médusa, étudiante en communication, dont les propos peuvent parfois être venimeux, n’a pas la langue dans sa poche. Provocante et animée par la sexualité, elle débat pour déconstruire l’image de la pute, de la vierge et de la mère.
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