Illustration : Éliane (@lily364)
C’est un ami de danse de la coloc de mon amie. Ouais. Je sais, on se connaît, mais genre à peine. En vrai, ça fait quelques heures seulement. On était toustes les deux, ainsi qu’une quinzaine d’autres personnes, dans l’appartement de ma très bonne amie et ses colocs. On a bu quelques pisco sour, tranquillement en parlant, et surtout en parlant à peine avec lui. Bref, ce que j’essaie de vous dire, c’est que je le connais à peine plus qu’un inconnu rencontré dans un bar.
En tout cas, ça fait qu’on va dans un club pseudo underground de salsa-slash-électro. Drôle de mix vous me direz. Ouais, mais on est à Lima ici. J’étais donc avec mes ami.e.s et je dansais et je parlais et j’avais genre vraiment beaucoup de plaisir.
Quand tout à coup, l’ami de danse de la coloc de mon amie, ouais je sais, c’est une formulation un peu longue, mais je ne connaissais pas son nom (et d’ailleurs je ne le connais toujours pas), vient me parler. Il s’approche de moi, me parle à l’oreille, parce que oui, on est dans un club, et s’il ne crie pas et s’il ne s’approche pas, probablement que je ne l’entendrai pas. Jusque là, tout est chill. Et là, il me demande de danser avec lui.
Sauf que, en disant ça, il met sa main sur ma hanche. Poliment je décline l’offre, je me défais doucement de l’étreinte de sa main sur ma hanche, qui me rend crissement inconfortable. Sauf qu’il insiste. Toujours en remettant sa main sur ma hanche. Et moi je refuse, toujours aussi poliment en essayant de mettre de l’espace entre nous deux. Mais il continue à me toucher la hanche et essayer de me convaincre de danser avec lui.
Il finit par me laisser tranquille un peu, mais tout au long de la soirée, il me fait des commentaires du genre, mais tu vois bien que tu sais danser, aller, je vais y aller doucement, aller juste une danse, aller si tu veux pas danser la salsa on peut danser du reggaeton, aller, aller, aller.
Mais je lui ai fermement dit, dude, j’aime pas ça danser en couple, j’aime ça danser toute seule, j’ai vraiment pas envie. C’est clair. Mais je l’ai fait avec un sourire. Je l’ai fait avec un sourire, pis poliment, pis calmement parce que c’était une pseudo-connaissance. Pis que je voulais pas foutre la merde avec la coloc de mon amie. Même si moi, j’étais ROYALEMENT emmerdée par le dude, même si je me sentais agressée par ses mains sur mes hanches, je restais polie et souriante tout en lui disant non.
Pis fuck, s’il avait été un pur inconnu, j’vous jure que j’aurais été beaucoup plus bête et directe que ça. Mais pourquoi, là, pourquoi me suis-je laissé marcher dessus? Pourquoi, alors que je ressentais un malaise de la mort, ai-je souri?
Pis l’autre truc, c’est que, quand t’es pas dans ton pays, t’hésites toujours. C’est tu moi qui agit weird? C’est tu normal dans leur société de faire ça? Pis même si c’est normal, j’ai tu le droit de lui dire, dude sacrament, lâche mes fucking hanches pis laisse moi tranquille?
Ça fait que tu gardes ce raisonnement de marde en tête, jusqu’à ce que tu rencontres un dude comme Pedro. Avec qui justement, tu te promènes dans la rue, et tu te fais un peu harceler par un gars qui te dit vraiment trop de fois que tu as des ojos bonitos. Ou encore, quand tu pseudo-danses la salsa dans un bar, toujours avec Pedro, pis que tu te fais carrément séparer par deux esti de colons qui te demandent, que dis-je, te supplient presque tellement c’est malaisant, de danser avec toi. Pis c’est là qu’il te dit quelque chose comme ouin, sorry, y’a des gars imbéciles de même au Pérou. Il me dit ça, un peu comme s’il s’excusait au nom d’une nation au complet. Genre, oui, c’est malheureusement une réalité ici, mais ça fait pas plus que c’est acceptable.
Pis fuck que j’avais besoin de l’entendre pas de la bouche d’une femme.
Pis c’est comme ça que je me dis que tranquillement mais sûrement, le féminisme progresse dans la majorité des pays du monde.
Hermanas, on est avec vous. Féministes tant qu’il le faudra.
Peace out,
Médusa
Médusa, étudiante en communication, dont les propos peuvent parfois être venimeux, n’a pas la langue dans sa poche. Provocante et animée par la sexualité, elle débat pour déconstruire l’image de la pute, de la vierge et de la mère.
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