Illustration : Layloo (@mycrazycolouredmind)
J’ai la bobette dans’ snatch. Quelques jours par mois, quelques semaines par année. C’est pas un choix que je fais, de vivre l’inconfort d’un rassemblement de tissus entre mes lèvres externes. Ça m’est imposé par la condition de santé de mes aines. Et oui, l’aine. La partie située de chaque côté du corps, entre la cuisse et, dans mon cas, la vulve. Il y a quelques années déjà, les ganglions qui se trouvent dans cette région de mon corps ont commencé à faire des leurs. Bon, ça peut sembler drôle que je doive placer les bordures de ma culotte sur ma vulve. Je vous jure que c’est pas confortable pantoute. Mais pourquoi en suis-je rendue à des mesures si drastiques pour épargner mes aines?
Pause théorie : « Les ganglions sont de petits organes qui assurent la filtration de la lymphe. La lymphe est un liquide clair qui circule dans le système lymphatique, un ensemble de vaisseaux et d’organes disséminés dans tout l’organisme » (Passeport-santé, Avril 2015). Les ganglions se trouvent un peu partout, dans le cou, les aisselles, les aines, et ne sont normalement pas remarquables. Il y en a aussi plus d’un par région du corps.
En fait, par moments, un de mes ganglions enfle, parce qu’il s’est bloqué, et on dirait que j’ai un petit pois sous la peau de mon aine. Parfois c’est encombrant, parfois non. Parfois, ce ganglion peut s’infecter, sans cause exacte (selon ma perception de ma santé). Dans ce cas, il va faire mal, mais très mal. Puis comme chaque ganglion vit sa propre réalité malgré leur proximité, je peux avoir un seul ou plusieurs ganglions bloqué.s et infecté.s en même temps. PARTY!
La première fois que j’ai découvert une boule dans mon aine, c’était à l’automne 2017. Je me suis levée un matin, j’ai mis une paire de culottes *ouh pincement*, j’ai enfilé mes jeans *ouch quessé ça?* J’ai tâté un peu entre mes jambes. Rien de spécial. Ok drôle de douleur. Au courant de la journée, les pincements sont devenus insoutenables. Je bougeais sur ma chaise de classe et essayais de me positionner pour ne pas ressentir le pincement. À la fin du cours, je me suis levée et ai essayé de marcher normalement malgré la douleur qui se faisait de plus en plus présente.
Arrivée chez moi, j’ai tâté à nouveau mon aine. Cette fois, j’ai trouvé une boule. Elle était de la grosseur d’un pois. Pas visible sous ma peau, je devais la toucher pour la sentir. À ce moment-là, je ne savais pas que c’était un ganglion infecté. Mes hypothèses allaient de mystère absolu à tumeur. Je suis donc allée à la clinique étudiante pour voir un.e médecin. Celui-ci m’a référée à un.e gynécologue, sans me rassurer sur l’état de mon aine. C’était encore pour moi mystère et boule de gomme (chair?).
Par le temps que mon rendez-vous chez le.a gynécologue arrive, la boule ne me faisait plus mal, mais elle était toujours présente. J’ai bu plein d’eau, comme demandé par la madame au téléphone (apparemment les scans sont seulement clairs si y’a 2 litres d’eau dans la vessie), et me suis installée sur la chaise peu accueillante. La professionnelle en question a fait les examens nécessaires. Rien ne semblait anormal, mais on allait m’appeler avec les résultats s’il y avait en effet un problème. Trois semaines plus tard, toujours rien.
En quelques semaines, la boule était partie. Ah bon. J’avais dû imaginer les douleurs. Peut-être que je m’étais coupée sans m’en rendre compte mais que c’était tellement une fine coupure que je la voyais pas? Peut-être que la bordure de ma culotte qui touchait mon aine avait une petite particule qui a irrité ma peau? Peut-être que la friction de mon jeans chauffait mon aine? Écoute, toute justification débile était acceptée, parce qu’au final, j’avais rien!?
Par contre, au cours de 2018, j’ai eu de plus en plus souvent des petites boules dans mes aines, mais elles ne me faisaient pas mal initialement. Si je commençais à les toucher ou les tripoter, elles grossissaient et c’est là que le pincement commençait. J’ai donc appris de mon expérience, au fil du temps et des boules, que c’était mieux que je les laisse tranquille. Elles finissaient par partir, donc je ne m’inquiétais pas.
Je vis donc on and off avec des ganglions gonflés. Ils apparaissent très irrégulièrement et restent de cinq jours à quelques semaines, parfois un seul enfle, parfois plusieurs. Dans ces moments, j’ai la bobette minutieusement placée entre les lèvres de ma vulve. C’est cute et confortable. #not. Mais je le fais parce que ça évite la friction à cet endroit, ça ne met pas de pression sur la boule et si elle devient infectée, ben ça me permet de marcher sans douleur aiguë dans mon entre-jambe.
Par contre, la cata a sonné en juin 2019. Un jour de mariage! Pas le mien quand même, une chance! Depuis quelques semaines, j’avais une boule qui grossissait dans la région habituelle et elle ne voulait pas partir. Le jour avant le mariage, elle était ultra sensible et la douleur était plus aiguë qu’elle ne l’avait jamais été. J’évitais de la toucher et je ne mettais plus de culotte. Le jour du mariage, j’ai remarqué que ma peau au dessus de la boule était devenue violette, presque noire. JE CAPOTAIS. À défaut de savoir quoi faire, je l’ai ignoré et je suis allée aux festivités (en culotte parce que je suis pas si à l’aise en robe la noune à l’air). Pendant le mariage, ça pinçait, ça faisait mal, ça devenait insupportable. Tellement que j’ai fini par rentrer assez tôt.
En arrivant chez moi, je suis allée aux toilettes et j’ai remarqué du sang clair sur ma culotte. J’étais inquiète. J’ai tenté de regarder ce qui se passait et j’ai donc fini toute contorsionnée, avec la lumière de mon téléphone pointée sur mon entre-jambe. Il y avait un peu de sang le long de mon aine, qui provenait d’un TROU. JE CAPOTAIS x 2. Comme il était trop tard pour appeler ma mère pour des conseils (elle est pas médecin, mais elle aurait pu me supporter dans ma crise), j’ai appelé 811. Heureusement on était pas en pleine pandémie (shoutout Covid-19), pis j’ai pu parlé à quelqu’un rapidement! J’ai expliqué du mieux que je pouvais à l’infirmière à l’appareil ce qui se passait, parce que je ne savais toujours pas quelle était ma condition, et elle m’a conseillé d’aller à l’hôpital. Cette soirée là, déjà épuisée de la journée, j’ai reporté l’hôpital au matin et je me suis endormie en pleurant.
Au réveil, allez-hop, direction l’hôpital! J’ai pas beaucoup dormi cette nuit-là, j’étais trop anxieuse, mais aux petites lueurs du matin, j’étais moins en état de panique. Arrivée dans la salle des urgences, j’ai pris un numéro. Une infirmière m’a vu rapidement et j’ai tenté de lui expliquer la raison de ma visite du mieux que je pouvais. Elle semblait réellement prendre pitié de moi et de mon trou. Elle m’a rassurée en me disant que j’allais voir une gynécologue sous peu.
Une heure ou deux plus tard, j’ai montré à la gynécologue le problème qui m’avait fait paniqué. C’est à ce moment que j’ai appris que c’était un ganglion qui s’était bloqué, ensuite infecté et que maintenant, il se vidait par lui-même. LE PETIT SACRAMENT! Non seulement, il me fait mal au quotidien, mais il peut aussi choisir de percer ma peau pour se vider. EWW. Je suis d’accord que c’est dégueu, mais quel autonomie de sa part! Anyway, la gynécologue m’a dit que j’avais pas à m’inquiéter, que c’était normal et que c’était une bonne chose lorsqu’il décidait de se vider par lui-même. En fait, les professionnel.le.s de la santé doivent parfois les exciser pour libérer le pus de l’infection, donc j’ai été chanceuse quand même!
Sauf que pour moi, c’est un problème constant. Des ganglions bloqués, j’en ai tout le temps. Lorsque j’ai demandé à l’experte ce que je pouvais faire pour empêcher qu’ils se bloquent ou s’infectent, elle m’a suggéré de laver mes aines avec du Spectro Gel, un nettoyant qui enlèverait les bactéries. Hélas, c’est la seule solution potentielle qu’elle pouvait m’offrir.
Presqu’un an après, malgré que je suis un régime de lavage d’aines au spectro gel rigoureux, j’ai toujours des ganglions bloqués ET infectés. En ce moment même, je peux en tâter trois. C’est encore pénible, c’est parfois douloureux et c’est définitivement agaçant pour moi de porter une culotte.
Un élément que j’ai appris ce jour-là à l’hôpital c’est que c’était « normal ». Plusieurs personnes ont des ganglions qui gonflent. Ce qui est énervant c’est que y’a pas réellement de remède. Tant pis pour moi. Pour le moment, je vis au jour le jour avec des ganglions qui enflent et l’espoir qu’ils ne s’infectent pas.
Allions-nous, Ô-fxmmes-sans-culotte!
Princesse Chihiro, jeune femme d’affaires accomplie, enthousiaste des sports et fanatique du continent asiatique, elle voudrait donner une voix à celles.ceux qui ne peuvent pas se le permettre et est horrifiée lorsque les survivant.e.s d’agressions sexuelles ne sont pas pris.e.s au sérieux. #metoo
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