***Lumière sur des femmes inspirantes du passé***
Recherche et rédaction : Maude Savaria – Historienne et archiviste (@msavacou)
Illustration : Laurène (@somepieceofsheet)
Jean Bessie Lumb / Wong Toy Jin (30 juillet 1919 – 17 juillet 2002)
Jean Lumb est une entrepreneure, restauratrice et porte-parole officieuse de la communauté chinoise canadienne.
En 1919, Wong Toy Jin naît en Colombie-Britannique de parents chinois. À cette époque, la communauté sino-canadienne souffre des lois racistes : ségrégation raciales dans les écoles, taxe d’entrée à l’immigration (1885-1923) allant jusqu’à 500$, interdiction de l’immigration chinoise (1923-1947) empêchant la réunification des familles, identification obligatoire auprès du gouvernement, restrictions sévères au parrainage de proches (1947-1957), absence de droit de vote, etc.
Ayant subi les contrecoups de ces politiques, Jean Lumb s’active contre les injustices du gouvernement fédéral canadien contre l’immigration chinoise. À 17 ans, elle ouvre un commerce de fruits à Toronto qui rapporte assez pour que ses parents, frères et sœurs viennent l’y rejoindre. En 1939, elle se marie à Doyle Lumb. Puisqu’il est né en Chine, elle perd du même coup sa citoyenneté canadienne pour se voir imposer celle de son mari. Tout en élevant six enfants, elle gère un restaurant, le Kwong Chow Chop Suey House.
Reconnue dans sa communauté, Jean Lumb milite pour le regroupement familial sans restrictions, notamment avec une délégation qui rencontre le premier ministre John Diefenbaker (Immigration Appeal Act, 1957). Les contraintes raciales sont finalement abrogées en 1967.
Son restaurant étant près de l’Hôtel de ville, elle rencontre donc plusieurs politiciens. Elle peut ainsi faire pression sur le maire pour sauver le quartier chinois. Son implication communautaire se poursuit dans sa participation à de nombreux conseils d’administration dans le domaine de la santé et de l’éducation, la création d’organismes de danse, de télévision, de femmes, etc. Ayant retrouvé sa citoyenneté canadienne en 1957, elle est nommée juge de la citoyenneté afin de faire prêter serment aux candidat-e-s à l’immigration. Elle reçoit de nombreux prix, dont l’Ordre du Canada en 1976. Elle promeut sa culture par la cuisine, la participation à des documentaires et l’appui financier à ses membres par le biais de la fondation qui porte son nom.