Illustration: Arielle (@ririelle16)
J’ai de la difficulté à garder la même job plus de quatre mois. On parle ici de job étudiante. Que ce soit à cause des boss incompétent.e.s, des collègues cool qui quittent ou d’un besoin de changement, je me promène de job en job depuis que j’ai commencé à travailler. On pourrait presque dire que je change de job comme je change de bobettes.
Au début, c’était un peu une blague du genre « lol Bébé Ana est instable, elle a encore changé de job ». Mais maintenant je sais pu si je trouve ça drôle. C’est décourageant et même un peu inquiétant. Pourquoi rien ne me satisfait? Pourquoi c’est si difficile de rester à la même job? Je me remets toujours en question quand je sens que je suis déjà tanné.e de ma job après quelques mois. « Bon qu’est-ce que tu vas faire maintenant? Tu as besoin d’argent pour pouvoir faire ce que tu veux et assumer tes dépenses impulsives donc arrête d’être si difficile. »
Durant mes cinq ans d’activité sur le marché du travail, j’ai eu six jobs incluant celle que j’ai en ce moment. On dirait que c’est trop facile de me déplaire, les jobs me tannent vite ou me causent beaucoup trop d’anxiété pour ce que c’est, AKA juste des jobs étudiantes. Ouais pis j’ai le « démissionne » facile. Je suis aussi très anti-capitaliste; j’haïs le système en place, j’hais qu’on doive aller travailler (souvent dans des jobs qui nous rendent pas heureux.se) pour survivre sur une planète qui flotte dans l’univers. J’haïs travailler pour enrichir des hommes blancs qui ont déjà trop de cash. La haine et le sentiment d’être forcé.e à faire quelque chose que je ne veux pas faire aide pas non plus ma quête constante de jobs, et surtout ma capacité à rester dans ces jobs. Genre pourquoi faut travailler huit heures par jour? C’est fucking trop long. Pourquoi le.la client.e doit toujours avoir raison? Je pense que je le sais plus qu’eux comment ça fonctionne l’atelier de peinture, criss, je travaille ici! Si c’était vraiment que de moi, je m’exilerais en forêt dans un cottage avec des chèvres et des fées, cottage core vibe. Mais ça c’est un peu trop utopique. Aussi, ma batterie sociale est rapidement vidée donc travailler en service à la clientèle est pas top, mais c’est tout ce qu’il y a dans ma petite ville pleine de touristes. Je dirais même que c’est tout ce qui a partout pour les étudiant.e.s qui n’ont pas encore de diplôme, et pour certain.e.s, qui n’ont pas de plan de carrière concret (comme moi).
C’est vraiment pas les options qui manquent (avec la pénurie de main d’œuvre surtout), mais je ne suis pu satisfaite des prospects. Je le sais parce que j’ai touché à presque tous les domaines. J’ai été caissière dans un magasin de vêtements (deux mois), j’ai été hôtesse dans un resto déj (trois mois), j’ai été barista / cuisinière dans un hôtel (quatre mois), j’ai été encore hôtesse, mais dans un resto fancy (quatre mois) et j’ai travaillé dans un magasin artsy de peinture (trois mois). Tout ça et je n’ai pas réussi à trouver quelque chose qui me fait aimer travailler. Je me dis quand même qu’il doit y avoir AU MOINS UNE job qui va me plaire. Peut-être qu’une fois que j’aurais déménagé dans une grande ville, ça sera mieux et je vais pouvoir plus m’épanouir dans ma vie professionnelle.
J’ai aussi de la misère à garder mes jobs parce qu’à un certain moment je care too much about la job et je m’en mets vraiment trop sur les épaules, ce qui me stresse davantage. Après un bout, j’explose et je dois partir. Souvent, l’élément déclencheur est mon.ma boss qui va me dire un commentaire sur comment je travaille et pour moi son commentaire ne fait aucun sens. C’est à ce moment là que je fais un peu d’introspection et que je réalise à quel point je travaille above my pay grade. Durant les jours / semaines qui suivent, je commence à me détacher du travail.
Aussi, je réalise de plus en plus que je n’aime pas avoir un.e boss qui me dit quoi faire. Une fois formé.e, je développe mes techniques et les façons de travailler que je juge les meilleures. Et si tu penses pouvoir me dire que je ne fais pas bien ça… OH NON. La job que j’ai gardé le plus longtemps, c’est vraiment grâce au fait que je n’avais pas de boss concret.ète à qui je devais répondre. Quand je travaillais, j’étais souvent seul.e dans le magasin. Je faisais les tâches à ma façon et je mangeais des bonbons (c’était un magasin de bonbons). Oupsi. Je pense que c’est un truc très Gen Z de ne pas vouloir un.e boss. C’est pas de notre faute si le 9-5 est démodé et si le salaire minimum est trop bas pour l’énergie et la charge mentale qui nous est demandée!
Bref, je pense fort probablement travailler à mon compte plus tard ou être propriétaire d’une boutique ou d’un musée, qui sait. Je sais au moins quelle boss ne pas être AKA celle trop focus sur les profits de la business au détriment de ses employé.es. Après tout, c’est les employé.es qui run le show!
Bébé Anastasia
Fanatique de l’art en tout genre, de sexe, et de chocolat, Bébé Anastasia rêve de devenir sexologue, designer ou pourquoi pas les deux. Après avoir été niaisée solide par un dude immature, elle jure qu’on ne l’y reprendra plus. No more! Son objectif ultime : normaliser le sexe et le plaisir, tout en se battant pour le droit à une éducation sexuelle pour toustes. Just watch her, vous êtes pas prêt.e.s!
Bonjour Bébé Anastasia,
C’est ma fille de 21 ans qui m’a partagée ton article. Pourquoi? Eh bien j’ai 47 ans et des jobs….ouf,j’en ai eu plusieurs. Ce que tu as écris me rejoins beaucoup. J’ai même pris un cours de préposée aux bénéficiaires à 35 ans avec toute la conviction que je ferais oeuvre utile en travaillant et ça été un échec après en emploi. Présentement je suis commis dans une épicerie. Aux plus jeunes que je côtoie, je dis que je ne sais toujours pas ce que je veux faire dans la vie comme travail! Bref, j’en aurais long à dire mais j’aimerais t’exposer mes plus belles « réussites ». Je suis avec mon mari depuis 1993, jamais je me suis tanné de nous. J’ai eu deux enfants que j’adore. Ils ont vu leur parents détester leurs emplois et je suis heureuse qu’ils aspirent à mieux pour eux. J’espère que tu trouveras un métier que tu aimeras et que tu pourras t’épannouir. Pour ma part j’ai compris que nôtre plus belle richesse n’a pas toujours sa source dans nôtre quart de travail. Merci. Nathalie L.