Illustration : Garance (@garancebb)
Ayant étudié en business, je savais que j’allais me retrouver dans un environnement de travail où une culture de négociation était déjà en place. Donc apprendre à négocier mon salaire était un atout, surtout pour un premier emploi en graduant.
Voilà pourquoi j’ai participé, il y a de cela déjà quelques années, à un atelier à l’université sur la négociation salariale, d’un point de vue féminin. Des professionnelles et professeures avaient préparé une présentation remplie de leçons tellement importantes que je ne pouvais pas garder ça pour moi. J’aimerais donc partager ce que j’ai appris lors de cette séance et comment mes apprentissages ont eu un impact direct sur mes finances.
Pour commencer, il est important de comprendre la culture autour de la négociation. Dans certains domaines de travail, presque exclusivement dans les industries privées, la négociation est attendue lors de l’embauche, alors l’offre initiale est parfois ajustée à la baisse pour laisser place à la négociation. En règle générale, toute offre d’emploi à contrat ou pour un poste permanent qui n’est pas du secteur public (emploi géré par un gouvernement ou comité) devraient avoir une flexibilité dans leur salaire.
De plus, il y a aussi cette mentalité que la rémunération d’un.e employé.e est directement corrélée à ses qualifications. Et il y a un effet boule de neige à tout ça. Si tu réussis à décrocher un bon salaire dans ta première job, les augmentations seront proportionnelles à celui-ci. Par exemple, si tu commences avec un salaire de 40 000$ et qu’ensuite t’as une augmentation de 3% (1200$), tu vas te retrouver avec un salaire de 41 200$ par année, alors qu’un salaire de départ de 35 000$ passerait seulement à 36 050$. Donc en gros, grâce à la négociation, ton salaire de base est plus élevé et tes augmentations ont également une plus grande valeur monétaire par la suite. Pis si tu changes d’emploi, ton salaire précédent peut être utilisé comme référence dans tes futures négociations. Et donc, au final, ton revenu initial te suit pour un petit boutte!
En plus, un des MULTIPLES facteurs responsables de l’inégalité salariale entre les hommes et les femmes est la négociation. Ou plutôt que les femmes, en général, n’osent pas demander plus que ce qui leur est offert. En 2017, il a été évalué que l’écart salarial entre les sexes au Canada est de 0,87$/heure. Au cas où vous ne seriez pas choqué.e.s encore, cela correspond à 47 jours où les femmes travailleraient sans être rémunérées dans une année (si on présume que les femmes ont travaillé le même nombre d’heures que leurs homologues masculins pendant l’année)1. En d’autres mots, c’est comme si les femmes arrêtaient d’être payées à l’Halloween, tout en travaillant jusqu’à Noël! Un écart qu’une petite négociation pourrait diminuer.
Et pourquoi c’est comme ça? Pourquoi la négociation est un jeu d’hommes? Tristement, les femmes se contentent de moins. Ça ne fait que quelques décennies que les femmes travaillent pour un salaire, alors elles ne veulent pas vexer personne. Justement, les femmes sont socialisées pour être plus coopératives que les hommes, alors elles ne veulent pas brusquer un.e employeur.e. Il est bien vrai aussi que les femmes, en général, se concentrent sur leurs besoins primaires tels que la nourriture, le loyer, les factures, et non sur leur valeur sur le marché du travail ou leurs désirs superficiels (une nouvelle montre, un voyage dans le sud, une voiture de luxe).
Alors maintenant qu’on sait tout ça, comment est-ce qu’on négocie? Ou, comment est-ce qu’on devient à l’aise de négocier? Je rentre dans le vif du sujet faque attache ta tuque!
Pour commencer, tu devrais identifier trois niveaux de salaire en fonction de ta réalité. Ces trois barèmes de salaire vont t’aider à évaluer les offres et à faire des contre-offres. Les voici :
- Ton salaire cible
Fais des recherches sur des sites tel que glassdoor.ca ou salary.com. Identifie quel salaire est normalement attribué à la position à laquelle tu as appliqué. Si la position ne se trouve pas sur le site ou que les résultats semblent faussés, demande directement à quelqu’un qui travaille dans une position similaire ou qui est familière.er avec l’industrie dans laquelle tu souhaites travailler. Évalue comment tu corresponds au poste et à la culture de l’organisation. Par exemple, selon salary.com, un.e journaliste débutant.e devrait recevoir un salaire entre 41 000$ et 46 000$* par année. Tu as obtenu un diplôme en communication et as fait un stage de 8 mois très pertinent au poste? Il serait juste de viser, lors des négociations, un salaire autour de 44 000$.
- Le salaire qui suffirait à tes besoins
Ce montant devrait être le salaire le plus bas que tu serais prêt.e à accepter considérant tes dépenses et la soustraction des impôts. Le but n’est pas d’identifier le montant minimal sur lequel tu pourrais survivre, mais d’évaluer à quel salaire tu pourrais vivre confortablement. Astuce : calcule que 50% de ton salaire devrait être pour payer les nécessités, 30% pour tes loisirs et autres plaisirs et finalement 20% en épargne.
- Ton salaire idéal
Ton salaire de idéal dois rester réaliste. Il serait raisonnable de le fixer à environ 15% de plus que ton salaire cible. Tu ne veux pas essayer d’atteindre un salaire trop ambitieux, sinon tu risques d’être déçu.e… Un bon truc est de t’imaginer lors d’un entretien mentionner que ton salaire idéal est de XX 000 $. Est-ce que ça te gênes? As-tu un rire nerveux? Est-ce que tu rougis? Est-ce que tu hésites à le dire? Il faut être confortable avec le chiffre choisi, mais il faut aussi qu’il te fasse rêver un peu!
Si tu places ces trois salaires sur un spectre, tu auras un beau visuel où comparer les offres que tu reçois. Pour faciliter les choses, fixons un exemple comme suit : ton salaire cible pourrait être de 44 000$, ton salaire minimum de 36 000$ et ton salaire idéal de 50 000$. Idéalement, tu veux te rapprocher le plus possible du salaire idéal que tu as posé, mais cela va dépendre de l’offre initiale, des bénéfices et de la négociation.
Alors, la première étape lorsque tu recevras une offre est d’identifier où elle se situe sur le spectre. Disons que l’offre correspond à un montant de 45 000$, tu pourras faire une contre-offre de 50 000$ (ton salaire idéal). Dans ce cas, la personne te reviendra sûrement avec un chiffre entre 46 000$ et 48 000$. Si jamais l’offre n’est pas flexible, tu as tout de même un salaire plus élevé que ton salaire cible. Dans le cas où l’offre est inférieure à ton salaire cible, il est important de négocier pour t’en rapprocher en faisant une contre-offre qui excède celui-ci pour finalement accepter une offre plus proche de ta cible.
Dans mon cas, j’avais reçu une offre qui correspondait au salaire minimum que j’avais évalué. J’ai donc fait une contre-offre 10% plus élevée, soit mon salaire cible, avec une explication de pourquoi je croyais valoir plus que leur offre initiale. Dans ma contre-offre, je mentionnais mes expériences pertinentes (trois stages de plusieurs mois à temps plein, dont deux directement en lien avec le poste pour lequel j’appliquais; plusieurs projets universitaires évalués par des personnes externes au programme; diverses implications au sein de comités étudiants; etc.) et mon désir d’évoluer au sein de la compagnie. L’employeur m’est revenu avec un salaire 8% au dessus de leur offre initiale et j’ai accepté. J’ai voulu rester flexible comme c’était mon premier emploi de graduée et qu’on m’avait avertie que l’entreprise utilisait des salaires plutôt fixes pour leurs nouveaux.elles employé.e.s. Je me suis donc sentie chanceuse d’avoir réussi à négocier leur première offre.
Quelques conseils à suivre :
- Attends que l’employeur.e te fasse une première offre.
- Si l’employeur.e te questionne sur tes attentes salariales, ne dévoile pas tes chiffres, dis plutôt que tu considères toute offre raisonnable.
- Si le montant surpasse ton salaire cible, essaye tout de même de soumettre une contre-offre de 3 à 8% plus élevée que leur offre initial.
- Si le montant est inférieur à ton salaire cible, réponds que c’est trop peu, en mentionnant tes raisons de le croire – l’offre n’est pas représentative du marché, de l’expertise que tu apportes à la compagnie ou de l’éducation que tu possèdes par exemple – et fais une contre-offre. Il est raisonnable de demander 5 à 10% de plus que ce qui a été initialement offert.
C’est rassurant de prendre note que les employeur.e.s ne retireront pas leur offre parce qu’on essaie de négocier. Le pire qui peut arriver est qu’iels refusent la tentative de négociation. Si le salaire est non-négociable, il est toujours possible de demander des jours de vacances supplémentaires, des heures flexibles, ou même un appui dans des plans d’éducation (une maîtrise, un certificat, un cours pertinent au poste). Ce ne sont que des exemples d’autres éléments qui peuvent être introduits dans les négociations si le salaire est fixe. Par la suite, il reste juste à évaluer si on est satisfait.e par l’offre originale ou modifiée!
Au final, on a de la valeur, on apporte de la valeur à l’entreprise et on a droit à une paye qui reflète ça. Soyons confiant.e.s, préparé.e.s, persistent.e.s, patient.e.s et flexibles. En entreprenant ces discussions avec ouverture et honnêteté, on aura de bonnes chances d’aller pêcher quelques mille de plus!
Et si on était réellement la meilleure personne pour la job?
Princesse Chihiro
Princesse Chihiro, jeune femme d’affaires accomplie, enthousiaste des sports et fanatique du continent asiatique, elle voudrait donner une voix à celles.ceux qui ne peuvent pas se le permettre et est horrifiée lorsque les survivant.e.s d’agressions sexuelles ne sont pas pris.e.s au sérieux. #metoo
Pour lire le dernier article de Princesse Chihiro – Quête d’une libido : arrêt chez la sexologue – c’est ici!
J’aimerais tellement me prostituée mais J’aimerais peur des ont dis.
Surtout dans une petites ville.