***Lumière sur des femmes inspirantes du passé***
Recherche et rédaction : Maude Savaria – Historienne et archiviste (@msavacou)
Illustration : Sarah-Kim (@sarahkim.blier)
Elsa Gidlow (29 décembre 1898 – 8 juin 1986)
Elsa Gidlow est une poètesse lesbienne d’origine anglaise. Elle immigre avec sa famille à Montréal où elle apprend, de manière autodidacte, sur la littérature, les arts, l’histoire et la philosophie. À peine adulte, elle s’installe sur la rue McGill College, partageant son temps entre des emplois de secrétariat et de journalisme à la pige. Elle rencontre Roswell George Mills, un rédacteur du journal Montreal Star qui l’introduit au monde gay, principalement masculin, de Montréal. Ensemble, iels créent Les Mouches fantastiques, une revue artistique abordant l’homosexualité de front ainsi que les mouvements pacifistes et anarchistes.
À 21 ans, Elsa Gidlow déménage à New York, espérant rencontrer plus de femmes lesbiennes comme elle. Elle écrit pour le magazine Pearson’s de Frank Harris, une publication critique de la guerre et de l’Angleterre. Elle publie son premier recueil de poésie, On a Grey Thread, en 1923, œuvre pionnière sur l’amour lesbien.
En 1926, elle déménage à San Francisco avec sa compagne ou elle participe au courant poétique d’avant-garde appelé Renaissance en publiant plusieurs recueils tout en étant journaliste pigiste. En 1947, elle est accusée d’anti-américanisme et de communisme et doit comparaître devant les tribunaux. Ironiquement, en tant que philosophe anarchiste, elle s’oppose plutôt aux idées communistes décriées à l’époque. Elle croit qu’on la surveille en raison de ses relations avec des femmes non-blanches et de son intérêt pour le bouddhisme et le taoïsme alors qu’elle tente de percer dans la politique locale dans son comté californien.
En 1954, elle acquiert Druid Heights, un ranch transformé en retraite pour artistes, féministes et autres adeptes de philosophie, de politique et de mysticisme. Véritable refuge créatif, elle y fonde en 1962 la Society for Comparative Philosophy, y reçoit de nombreuses personnes aujourd’hui bien connues (dont Louis Armstrong et Maya Angelou pour n’en nommer que deux) et y compose de nombreux poèmes d’amour lesbien discutés dans les magazines féministes des années 1970. Peu de temps avant son décès, elle est la première lesbienne à publier ses mémoires sous son propre nom. Ses archives sont déposées à la GLBT Historical Society de San Francisco en 1991 et des groupes de pression tentent de restaurer son ranch pour en faire une retraite d’artistes en son honneur. Elsa Gidlow en vivant de son art sans tabou a sans contredit pavé la voie pour une meilleure affirmation de la communauté lesbienne et queer dans l’espace public.