Illustration : Alice (@halissss)
« Je pense que dans le fond j’aime juste pas ça le sexe ». Quote d’une amie, il y a un an ou deux. Ses relations sexuelles avaient toujours été douloureuses et elle avait fini par se rendre à cette conclusion. Jusqu’à ce qu’elle rencontre un gars. Tsé, le genre de gars qui baise comme un dieu et qui te fait aimer le sexe.
Pis je sais pas si c’est un effet post-Christian-Grey #fiftyshadesofgrey, mais j’ai l’impression que plusieurs filles attendent le sauveur qui viendra leur faire aimer le sexe. Que la clé d’une vie sexuelle incroyable dépend d’un homme quasi-mythique, descendu du ciel, miraculeux, bref, presque aussi life changing que la divacup. ( Ouin, je viens de mettre sur le même piédestal du bon sexe pis la divacup. De rien. ) I mean, je comprends. Y’a tellement de gars qui pensent juste à leur petit orgasme. Ça fait que quand tu tombes sur quelqu’un qui actually care, c’est vraiment génial.
Et si le paradigme était en train de s’inverser?
Pour ma part, je n’étais pas vraiment à la recherche du demi-dieu qui allait m’ouvrir les yeux et m’amener au 7e ciel. Je pensais avoir du sexe de qualité tsé. Un peu comme quand tu commences à boire pis que tu es persuadé.e que la Sangria Pépito c’est sua coche. Plus tard, tu finis par te rendre compte que y’a mieux…
Anyways. Tout ça pour dire que j’ai fini par rencontrer mon prince du sexe. Il était, on pourrait dire, obsédé par mon orgasme. C’était presque comme s’il ne pouvait pas jouir si je ne jouissais pas aussi. La première nuit qu’on a passée ensemble, j’ai littéralement eu 7 orgasmes contre 0 de son côté. Pis là ceux qui pensent que c’est parce que je baise mal… Ben mangez donc d’la marde! En fait, il angoissait tellement à l’idée que je n’atteigne pas les plus hauts sommets du mont de l’orgasme qu’il n’arrivait pas à profiter de l’escalade de son côté…
Pendant plusieurs mois, on s’est sauté dessus comme s’il n’y avait pas de lendemain. Et je l’ai finalement vu jouir (wow). Oui, c’était le sexe le plus absolument merveilleux et incroyable que j’ai eu de toute ma vie.
À date, ç’a l’air d’un conte de fée parfait, hein? Sauf qu’un jour, il m’a dit :
J’aimerais ça que tu me touches plus. Que ça soit toi qui prenne les devants, toi qui dirige…
Ouch. Une belle claque en pleine yeule.
Parce que, oui, quand je mentionnais précédemment qu’on baisait sans arrêt, ben j’ai comme occulté la partie où il dirigeait nos relations sexuelles. Que c’était lui qui me plaquait sensuellement contre un mur et me susurrait ses envies au creux de l’oreille, lui qui m’encourageait à baiser dans des endroits publics, lui qui me faisait constamment dépasser mes limites, lui qui me faisait apprécier mon corps nu, lui qui me faisait apprivoiser doucement le sien, lui qui ouvrait carrément un monde nouveau à mes yeux… Afterall, il était, d’une certaine manière, mon sauveur à moi.
Sauf que, tout comme l’automne finit par s’installer après l’été, des habitudes se sont ancrées dans notre relation. Et lui, il s’est toujours chargé de notre vie sexuelle. Faire le move pour initier une baise, s’assurer que j’avais du plaisir, être certain d’avoir mon consentement, proposer des choses nouvelles, etc. Tellement que j’ai fini doucement par me désinvestir de notre vie sexuelle.
Et j’ai l’impression que deux facteurs peuvent expliquer ça. D’abord, le fait que ma libido était beaucoup moins constante que la sienne. J’avais généralement moins envie de faire l’amour que lui. Pis on va se le dire, c’est plus dur de faire les premiers pas quand ça te passe pas par la tête. Sauf que, lorsqu’on avait une relation sexuelle, (à moins de revenir complètement chaude d’un bar) j’éprouvais un malaise à prendre les commandes. Ça ne me venait pas naturel, même que ça me terrorisait. Probablement en lien avec le fait que la société nous incite à être passives et qu’elle incite les gars à être plus actifs. Parce que ouin, le sexe, c’t’une affaire de gars, faque laisse don’ ton mari s’occuper de ces affaires-là, fille.
Et je réfléchissais à ca récemment. On parle beaucoup de charge mentale ces derniers temps, surtout quand ça a trait aux tâches ménagères. Mais pourquoi ne pas s’y intéresser dans le cadre de nos relations sexuelles aussi? La charge mentale du sexe repose, à mon avis, majoritairement sur les hommes. Ce sont eux qui subissent cette pression d’être en charge de la relation sexuelle. Et ce pattern-là, il est aussi nocif pour les hommes que pour les femmes.
Pis ça fait chier. Parce que fuck que c’est difficile à déconstruire!
Ça fait que parlons-en! Je dirais même, parlons-en autant que la répartition des tâches ménagères!
Peace out,
Médusa
Médusa, étudiante en communication, dont les propos peuvent parfois être venimeux, n’a pas la langue dans sa poche. Provocante et animée par la sexualité, elle débat pour déconstruire l’image de la pute, de la vierge et de la mère.
Pour lire le dernier article de Médusa – Menstruations pis sexe, un match parfait? – c’est ici!
Un commentaire