2017 a été une année absolument mouvementée. C’est l’année où nous avons eu une énorme prise de conscience. Ce n’est pas pour rien qu’une vague de multiples féminismes a déferlé un peu partout sur la planète. Pour notre plus grande fierté, nous en avons, même à petite échelle, fait partie. Il va sans dire que nous avons toujours été féministes, mais pendant de longues années, nous ne le savions tout simplement pas. Car nous sommes de ces femmes qui ont subi le sexisme, sous ses différentes formes, sans toujours le discerner et/ou le dénoncer. Nous avons aussi fait face à des conceptions de la sexualité tellement fermées, tellement nocives. Les agressions, les viols, le harcèlement, la culpabilité, nous savons malheureusement ce que c’est. Oui, les femmes et les filles subissent des inégalités de façon systémique. Et ô comme nous aurions aimé avoir compris ça plus tôt.
Pour déconstruire des commentaires du genre « t’es bonne pour une fille » plutôt que de prendre ça comme un compliment, voire même une flatterie.
Hey chose! J’te dis tu que t’es bon « pour un gars » quand tu réussis dans le cours d’arts? Ben non! Je suis bonne en sports parce que j’ai fait un but, pis plein de passes. T’as pas besoin de me mettre en compétition avec 50% des habitant.e.s de la planète.
Pour répondre aux vieux mononcles qui, après avoir goûté notre plat du potluck, nous complimentent maladroitement en nous disant « bonnes à marier » et qui en même temps s’inquiètent pour nos cousins qui habitent seuls, sans femme pour les nourrir.
Hey mononcle Pierre, on est pu en 1960! Je m’accomplis par pas mal d’autres choses que la cuisine et, SI je me marie, ben je vais m’assurer de le faire avec quelqu’un.e qui voudra diviser les tâches ménagères 50-50. Oui, je le sais que c’était un compliment, sauf que ça sous-entendait une conception très très arrêtée de « la femme à la cuisine ». Pis tu sais quoi, mon cousin Francis est en masse capable de s’occuper de lui comme un grand! Et si il ne le fait pas, c’est surtout pas par manque d’une femme-cuisinière à ses côtés.
Pour ne plus être sans mot devant les : « Quoi?! Tu veux partir en voyage, seule!?! T’aurais pas peur sans homme à tes côtés?! »
Non. En tout cas, pas plus que quand je me présente à l’université, que j’exerce mon droit de vote ou que j’vais retirer 100 piastres à la caisse pop sans autorisation masculine.
Pour faire taire le tarla du party de bureau qui, lors de la distribution de drinks assez corsés, s’exclame, torse bombé et si fier de son initiative chevaleresque : « pis pour vous les femmes, inquiétez-vous pas, on a prévu une version avec moins d’alcool ».
C’est ben gentil mon Keven, mais on est toustes majeur.e.s et vacciné.e.s ici, j’ai pas besoin de ton paternalisme! Si je veux boire, je vais le faire avec la quantité d’alcool que je juge adéquate.
Pour renverser la vapeur et faire en sorte que cette fois-ci ce soient les matantes/mononcles qui patinent, pas toi, après le fameux : « C’est quand que tu nous amènes un ti-chum/une tite-blonde? »
Hey! Salut matante Céline! Moi aussi ça me fait plaisir que tu sois là! C’est tellement l’fun de te voir, à chaque année, avec autant de régularité, respecter ma vie privée et t’intéresser à toutes les belles choses – tsé mes cours, mon travail, mes projets, mes voyages, mes réalisations… – qui se passent dans ma vie.
Pour pouvoir aller à la piscine sans devoir se soucier de l’état de nos jambes, nos aisselles, notre bikini, et surtout sans se dire que nous ferions peut-être mieux de ne pas y aller puisque nous ne sommes pas « présentables ».
Pour répliquer quand les professeur.e.s s’indignaient que nos shorts étaient indécents. Pour s’insurger quand on infligeait à d’autres filles des punitions extrêmes en fonction de leur habillement. Awaille la pute! Porte un chandail orange avec pas de coupe et arborant les lettres en imprimé CODE DE VIE dans toute l’école. T’as pas honte de t’habiller comme ça? Ben tu devrais!
Mais en 2017, c’est devenu relativement possible d’avoir une posture féministe et de ne pas trop se faire envoyer au bûcher (tout dépendant si vous adhérez au « bon féminisme » ou non, et probablement d’une couple d’autres facteurs socio-économiques, mais bon, pour le bien du texte, on va dire que c’est relativement chill). Et c’est comme ça que nous avons créé le blogue Les Péripatéticiennes. Nous avons voulu nous adresser aux filles et aux femmes de notre âge bien sûr, mais aussi, et surtout, aux plus jeunes. À celles que nous étions. Celles qui auraient tant aimé entendre un discours différent, un discours qui se positionne de façon différente face au monde. Un discours qui explique pourquoi don’ je me sens coupable de me masturber. Un discours empathique qui dit « moi aussi ».
Sauf que même en 2017 on a eu de la difficulté à s’affirmer. On a dévoilé notre blogue le 8 mars 2017, pour la journée internationale des droits des femmes. Mais c’était hors de question de le faire sous nos véritables identités. Nous avions peur du backlash. Et nos textes ont été lus. Ils sont de plus en plus lus et partagés. Les commentaires que nous recevons sont, la plupart du temps, tellement positifs, encourageants. Des femmes, des filles, qui se reconnaissent dans nos histoires, dans nos tranches de vie. Qui nous écrivent tout simplement merci. Parfois même, des hommes se sentent interpellés.
En 2017, notre équipe s’est agrandie, pleine de femmes tout à fait exceptionnelles. Nous avons vécu des tonnes de bouleversements positifs. En décembre, nous vous avons présenté notre nouveau logo. Qu’est-ce que nous en sommes fières!
Alors que nous mettons le pied en 2018, nous avons espoir. Parce qu’un texte à la fois, une personne à la fois, nous pouvons, toutes et tous, susciter une nouvelle réflexion chez l’autre. Et surtout parce que nous croyons que les grands changements commencent par des petites initiatives.
Ce texte est donc pour vous. Pour toi qui nous lit, qui partage nos textes, qui critique nos propositions. À toi qui réfléchit et qui se questionne, merci.
Bonne année 2018,
Les Péripatéticiennes