13 raisons
À la vue de la nouvelle saison de 13 raisons qui sort ce 18 mai, je croyais qu’il serait intéressant de vous partager mes impressions de la production. Arrivées sur Netflix en avril 2017, les treize émissions ont monopolisé plusieurs de mes journées : j’étais à la quête d’une paix intérieure suite à la montagne russe d’émotions qu’a provoquée cette série. Je suis contente que Netflix ait donné le feu vert à cette production. La série télé est tout simplement foudroyante ! Elle est vive et réelle. D’ailleurs, l’histoire a été fortement inspirée par un livre du même nom écrit par Jay Asher et publié en 2007. Je me souviens l’avoir lu lorsque j’avais 14 ans, mais à ce moment-là, étrangement, l’écriture n’avait pas autant résonné en moi.
Pour vous mettre en contexte, le récit tourne autour des évènements qui ont mené au suicide d’une jeune femme de 17 ans, Hannah Baker. Tout comme dans le livre, l’adolescente révèle les 13 raisons qui l’ont influencée à couper court à son destin, à l’aide de treize cassettes audio qu’elle a elle-même préenregistrées. À travers chaque épisode de la série, nous découvrons une nouvelle cassette, dédiée à une personne de son entourage. Nous en apprenons plus sur le rôle qu’a joué chaque individu ciblé dans le suicide de l’adolescente. Elles nous dévoilent aussi les difficultés qu’a dû surmonter la jeune femme quotidiennement. L’histoire aborde des sujets très tabous, et ce, sans gêne. Dans la liste de raisons de l’adolescente, l’intimidation et le viol sont des motifs marquants quant à son choix de s’enlever la vie. Vous pourriez penser qu’avec ces sujets difficiles abordés, cela rendrait la série lourde et émotionnelle, et bien, vous avez raison. Ce n’était pas sans être ébranlée que j’ai terminé la saison, quelques larmes ruisselant sur mes joues.
Or, à la suite de la diffusion de la première saison, des parents, enseignant.e.s, député.e.s, journalistes ont signalé haut et fort leur mécontentement. Leur principale critique : 13 raisons glorifiait le suicide. Même l’Association québécoise de prévention du suicide a averti que la série pourrait rendre des jeunes vulnérables. En effet, il y a plusieurs images percutantes mises en scène par la série et certaines personnes pourraient être promptes à des rechutes émotionnelles et physiques. Le géant Netflix a tout de même été soucieux de mettre des mises en garde avant le début de certaines émissions. Il est évident que cette série ne s’adresse pas aux individus sensibles aux sujets abordés.
Pour ma part, je crois aux bienfaits de la série et du message véhiculé. Je suis une grande admiratrice de la création de cette production, car c’est un réveil sociétal dont nous avions besoin. Elle expose des thèmes, souvent mis sous silence, sans les minimiser. L’intimidation, la cyberintimidation, les hiérarchies sociales, les problèmes monétaires, les agressions sexuelles, ce ne sont pas de nouveaux concepts auxquels nous sommes inconnus. Pourtant, ils ont longtemps été tabous. Or, il est libérateur pour notre société de pouvoir parler ouvertement de ces problèmes qui affectent le quotidien de plusieurs. Les préjugés rattachés à ces réalités peuvent alors être allégés et, en discutant, il est possible de trouver des solutions. Autant pour les jeunes que pour les plus âgés, le visionnement de la série crée un impact. Elle permet de voir que oui, il y a des assholes partout, mais aussi qu’il y a des personnes qui tiennent réellement aux autres et qui ne connaissent peut-être pas la profondeur de la douleur d’un.e individu. En plus, elle encourage les réflexions quant à la répercussion de nos gestes et elle nous incite à regarder autour de nous pour repérer si un.e de nos proches a besoin d’aide. Elle donne vraiment l’occasion de s’ouvrir les yeux sur le monde autour de nous.
Le choc que j’ai eu en visionnant la série était dû au fait que je me remémorais toutes les histoires, rumeurs, méchancetés qui circulaient dans ma propre cour d’école. Quand j’étais au secondaire, j’ai été méchante à plusieurs occasions avec certain.e.s de mes camarades. J’ai partagé des commentaires haineux sur le style vestimentaire d’un.e ou j’ai ri des rumeurs entendues sur un.e autre. Dans ma tête, mes actions étaient inoffensives et sans répercussions. Si j’avais pu regarder cette série plus tôt, j’aurais définitivement pu avoir les réflexions que j’ai eues (grâce à la série) dès mon adolescence. Parce que oui, les remarques d’Hannah m’ont fait réaliser que nos gestes peuvent avoir des effets, positifs comme négatifs, sur les gens proches ou plus éloignés de nous. C’est facile d’intimider sans en avoir la conscience; il suffit de rire d’une personne dans une situation inconfortable ou de faire des remarques cruelles dans le dos ou en pleine figure d’une connaissance. En étant consciencieux.ses de nos paroles et gestes, nous pouvons partager des énergies positives et élever nos pairs.
Finalement, j’ai particulièrement aimé l’histoire pour les petites nuances que la voix d’Hannah nous explique. Chaque émission nous amène un peu plus loin dans les expériences de la victime et nous vivons ses émotions avec elle. Nous sommes avec elle dans sa tête; nous comprenons ses douleurs et nous analysons ses décisions. Quelques-unes de ses raisons semblent inoffensives à première vue, mais c’est l’accumulation qui vient à peser lourd dans son cœur, et dans le nôtre. Pour elle, tous les petits détails, toutes les petites actions importaient et chaque défi qui se présentait dans sa vie construisait un Mont Everest insurmontable. Hannah avait tant d’opportunités devant elle, mais sa santé mentale (elle souffrait de dépression et probablement de différents autres troubles qui n’ont pas été diagnostiqués lors de la série) et les obstacles qu’elle devait franchir la freinaient à aller de l’avant. À un point tel qu’elle a même abandonné ses rêves et elle n’anticipait plus le futur. Elle n’a su chercher de l’aide, ou alors ses tentatives furent infructueuses. La jeune femme n’a pas recouru aux diverses ressources disponibles ou à l’aide de ses proches. Son histoire nous ébranle et pourtant, ça pourrait être la nôtre. Nous sommes humain.e.s, parfois un commentaire ou une action provenant d’une personne de confiance peut être la goutte de trop pour l’individu qui est déjà à bout.
La série 13 raisons a ouvert le dialogue sur plein de sujets et c’est super ! Elle m’a permis de réfléchir sur mes différents comportements et habitudes, bon.ne.s comme mauvais.es, et j’ai senti que j’avais fait des progrès en tant que membre de la société ! Ce qui m’épate, c’est le réalisme de l’histoire présentée à l’écran et l’effet montagne russe qu’elle a sur nos émotions. Tantôt fâché.e.s, tantôt choqué.e.s, tantôt dégouté.e.s, il y a quand même des moments qui vous feront sourire. C’est en me préparant pour la nouvelle tornade d’émotions qu’engendrera la deuxième saison que j’attends celle-ci. Ce 18 mai, installez-vous confortablement et bingewatchez la suite de la série!
Hannah, je suis désolée pour ce qui t’est arrivé. J’aurais aimé être là pour toi et t’aider à trouver des solutions. Dans une autre réalité, peut-être que cela aurait pu être possible. Personne ne devrait vivre ce que tu as vécu, et encore moins, seule et isolée. Je suis désolée que des Bryces existent, j’en suis fâchée chaque jour. Tu méritais mieux.
Forever
Princesse Chihiro
*** Il y a des solutions et des interventions possibles pour celleux qui souffrent de dépression ou qui pensent être enclin.e.s à des chavirements émotionnels. Si vous n’êtes pas certain.e.s d’où trouver de l’aide ou que vous n’êtes pas à l’aise de parler à vos parents ou ami.e.s, Entraide Jeunesse Québec est un organisme de soutien, tout comme Jeunesse J’écoute. C’est anonyme et personne ne saura que vous avez appelé. Ce sont des ressources qui ont été pensées/élaborées pour vous, alors prenez la chance de tester leurs services !
Princesse Chihiro, jeune femme d’affaires accomplie, enthousiaste des sports et fanatique du continent asiatique, elle voudrait donner une voix à celles.ceux qui ne peuvent pas se le permettre et est horrifiée lorsque les survivant.e.s d’agressions sexuelles ne sont pas pris.es au sérieux. #metoo
Pour lire le dernier article de Princesse Chihiro – Ma relation amoureuse inusitée – c’est ici!
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